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Ilan Pappé

historien israélien

Ilan Pappé (אילן פפה en hébreu), né le à Haïfa, est un professeur d'université et historien israélien. Il fait partie des « nouveaux historiens » qui ont réexaminé de façon critique l'histoire de l'État d'Israël et du sionisme. Il est fils de juifs Allemands ayant fui leur pays, après l'accès d'Hitler au pouvoir. Après ses études secondaires, il effectue à compter de fin 1972 ses trois années de service militaire ; lors de la guerre du Yom Kippour (du 6 au 24 octobre 1973), il est notamment actif dans une unité de l'armée, qui opère sur le plateau du Golan, en Syrie.

Ilan Pappé
Ilan Pappé en 2023
Biographie
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אילן פפה
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Œuvres principales
The Ethnic Cleansing of Palestine (d) (), The Idea of Israel (d) (), Ten Myths About Israel (d) (), Historical Dictionary of Palestine (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Après son service, il entreprend des études supérieures et il est titulaire d'un diplôme de niveau licence de l'Université hébraïque de Jérusalem obtenu en 1978. Il quitte ensuite Israël et effectue ses études doctorales en Angleterre à Oxford dont il est docteur en 1984. Après l'obtention de son doctorat, il retourne dans son pays et devient alors professeur au sein de l'Université d'Haïfa jusqu'en 2007.

Au cours des années 2000, Ilan Pappé a été le sujet de plusieurs polémiques, notamment à la suite de la tuerie faite par des membres de la Haganah à Tantura et à son appel au boycott des universités israéliennes, ce qui l'a conduit à entrer en conflit avec ses collègues de l'université de Haïfa et en particulier avec Yoav Gelber. Benny Morris, également « nouvel historien », et lui ont fortement divergé sur leurs analyses des événements de 1948 et dans leur vision des responsabilités du conflit israélo-palestinien.

À la suite de controverses sur ses travaux sur le sionisme, sur la création de l'État juif et de ses positions politiques en Israël, il s'est exilé en Grande-Bretagne en 2007. Il est aujourd'hui professeur d'histoire à l'université d'Exeter et directeur du Centre européen d'études sur la Palestine.

Ilan Pappé et la guerre de 1948

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Les causes de l'exode des 700 000-750 000 Palestiniens qui vivaient dans la partie de la Palestine qui devint Israël en 1948 ont fait l'objet d'une controverse entre historiens. Les historiens israéliens affirmaient que les Palestiniens avaient principalement fui à la suite d'ordres des dirigeants arabes ; tandis que d'autres estimaient que l'exode aurait été planifié par les autorités israéliennes.

Citant l'accès aux archives israéliennes et britanniques, les « nouveaux historiens » israéliens ont remis en cause les thèses précédentes à partir des années 1990. Le premier d'entre eux, Benny Morris, est arrivé à la conclusion que l'exode fut avant tout le résultat de la guerre. Avant , les Palestiniens fuyaient principalement les combats, notamment par crainte des atrocités, puis ils furent généralement expulsés au cours des opérations militaires israéliennes. Benny Morris explique cependant qu'il n'a pu montrer ou découvrir que cela ait été le résultat d'une politique délibérée. Ses recherches et conclusions remettent ainsi en cause les thèses précédentes[1].

La thèse de Ilan Pappé est quant à elle plus proche de l'historiographie palestinienne. Il considère que l'exode palestinien est comparable à une épuration ethnique qui aurait été le résultat d'une politique planifiée par David Ben Gourion et un objectif désiré par le mouvement sioniste. De plus, toujours selon lui, cette politique aurait été appliquée dès et non pas seulement lors des expulsions qui se produisirent après [2]. Benny Morris a également fait référence à plusieurs reprises à ces événements en les qualifiant de nettoyage ethnique[3],[4],[5].

Positions politiques

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En 1996, il s'est présenté comme candidat à la Knesset sur la liste du Hadash emmenée par le Parti communiste israélien.

Ilan Pappé est antisioniste, et était membre en 2002 du Parti communiste israélien[6].

Il est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont commencé le .

Il est actif dans le mouvement BDS qui vise a boycotter par exemple les universitaires israéliens.

Critiques

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Au sujet de la comparaison entre Shoah et Nakba

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Ancien collègue d'Ilan Pappé, Yoav Gelber est un de ses plus virulents critiques.

En ce qui concerne les liens qu'Ilan Pappé établit entre le « négationnisme de la Shoah » et le « négationnisme de la Nakba », Yoav Gelber voit en lui « le plus extrémiste de ceux qui établissent un lien entre le destin des Palestiniens et la Shoah. » Il justifie son point de vue notamment par le fait qu'Ilan Pappé fait abstraction du conflit judéo-arabe précédant 1948, de l'opposition arabe au sionisme par la violence, des massacres perpétrés sur les juifs non sionistes d'Hébron et de Safed en 1929 et du fait que ce sont les Arabes palestiniens et la Ligue arabe qui ont déclenché la guerre de 1948. Il lui reproche également sa thèse sur le fait qu'« une épuration ethnique » aurait été planifiée par les Juifs, et que l'affirmation selon laquelle tant les Palestiniens que les Juifs sont des victimes de la Shoah d'Europe est fondée sur une comparaison déséquilibrée entre les crimes nazis et les « quelques atrocités perpétrées par les deux côtés au cours de combats réciproques ». Il conclut en affirmant que « [ce] faisant [Pappé] est très proche du négationnisme de la Shoah. »[7]

Citations controversées

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Il est critiqué par Michael Cohen pour avoir admis en 2006 avoir un parti pris : « Mon parti pris est apparent malgré le désir de mes pairs que je m'en tienne aux faits et à la «vérité» lors de la reconstruction des réalités passées. Je considère une telle construction comme vaine et absurde »[8].

Il est critiqué pour avoir déclaré en 2007 : « Je soutiens la résistance du Hamas à l'occupation israélienne, bien que je sois opposé à leur idéologie politique » et en 2008 pour avoir publié un article sur le site pro-palestinien Electronic Intifada dans lequel il affirmait que l'État d'Israël commettait un génocide à Gaza et un nettoyage ethnique en Cisjordanie[9].

Critiques par d'autres historiens

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Benny Morris décrit certains des écrits de Pappé comme une « fabrication complète » et déclare qu'il est « au mieux l'un des historiens les plus bâclés du monde ; au pire, l'un des plus malhonnêtes ». Morris lui reproche « son désir de noircir les sionistes et de blanchir les Palestiniens »[10].

Efraïm Karsh[11],[12], Herbert London ainsi que les professeurs Daniel Gutwein (he)[13] et Yossi Ben-Artzi (he) de l'Université de Haïfa rejettent ses travaux.

Yoav Gelber le décrit comme le « William Joyce israélien », après sa dispute avec ce dernier[14].

En 2003, Emmanuel Sivan (he), critique le point de vue adopté par Pappé concernant la visite du mufti Husseini au consul allemand et la faible attention accordée à Faisal Husseini.

Tuerie de Tantura : travail de recherches de T. Katz

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Ilan Pappé a publiquement soutenu le travail de recherches pour l'obtention de sa maîtrise en histoire, effectué par un étudiant de l'université de Haïfa, Théodore ou Teddy Katz, qui affirme que la brigade Alexandroni, une unité de la Haganah, ancêtre de l'armée israélienne (créée à compter du par ordonnance du gouvernement israélien), avait commis un massacre d'environ 200 civils dans le village palestinien de Tantura les 22 et . En , l'auteur de ce travail est poursuivi pour diffamation par des anciens membres de la brigade Alexandroni et il est condamné par la justice pour avoir dénaturé les témoignages et pour avoir modifié les déclarations des témoins. Il déclare ne plus considérer Tantura comme un massacre pratiqué par la brigade de l'armée de terre israélienne et il publie des excuses. Ilan Pappé continue de soutenir la thèse malgré la condamnation[15]. Un film publié récemment en Israël en 2022 confirme les accusations de l'étudiant en maîtrise T. Katz. En effet, les anciens membres de la brigade Alexandroni reconnaissent eux-mêmes qu'ils ont menti en 2000[16].

Publications

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En anglais

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  • Britain and the Arab-Israeli Conflict, 1948–1951 (Londres, St. Antony's College Series, Macmillan Press; New York: St. Martin's Press, 1988). (ISBN 0-312-01573-9)
  • The Making of the Arab-Israeli Conflict, 1947–1951 (Londres et New York, I.B. Tauris, 1992; 1994). (ISBN 1-85043-819-6)
  • (avec J. Nevo), Jordan in the Middle East: The Making of a Pivotal State (Londres, Frank Cass, 1994). (ISBN 0-7146-3454-9)
  • (avecM. Maoz), History From Within: Politics and Ideas in Middle East (Londres et New York, Tauris, 1997). (ISBN 1-86064-012-5)
  • The Israel-Palestine Question (Londres et New York: Routledge, 1999; 2006). (ISBN 0-415-16948-8)
  • The Aristocracy: The Husaynis; A Political Biography (Jérusalem; Mossad Byalik, (hébreu), 2003).
  • (avec Jamil Hilal), Parlare Con il Nemico, Narrazioni palestinesi e israeliane a confronto (Milan, Bollati Boringhieri, 2004).
  • A History of Modern Palestine: One Land, Two Peoples (Cambridge University Press, 2004), (ISBN 0-521-55632-5)
  • The Modern Middle East (Londres et New York, Routledge, 2005). (ISBN 0-415-21409-2)
  • The Ethnic Cleansing of Palestine (Londres et New York, Oneworld, 2006). (ISBN 1-85168-467-0)
  • The Rise and Fall of a Palestinian Dynasty: The Husaynis, 1700–1948, Londres, Saqi Books. 2010.
  • Out of the Frame: The Struggle for Academic Freedom in Israel, Londres, Pluto Press. 2010.
  • (avec Noam Chomsky), Gaza in Crisis: Reflections on Israel's War Against the Palestinians (Hamish Hamilton, 2010). (ISBN 978-0-241-14506-7)
  • The Forgotten Palestinians: A History of the Palestinians in Israel, New Haven, CT: Yale University Press. 2011.
  • The Boycott Will Work: An Israeli Perspective in Audrea Lim (ed.) The Case for Sanctions Against Israel. Londres et Brooklyn, NY: Verso. 2012.
  • The Bureaucracy of Evil: The History of the Israeli Occupation, Oxford, Oneworld Publications. 2012.
  • The Arab Jews: History of a Forgotten People, I.B. Tauris, 2012.
  • The Idea of Israel: A History of Power and Knowledge, New Yorkf, Verso. 2014.

En français

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Notes et références

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  1. Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, Oxford University Press, 2003.
  2. Ilan Pappé, The Ethnic Cleansing of Palestine, Oneworld, 2006.
  3. Entretien avec Benny Morris, Haaretz, 8 janvier 2004 : « Il y a des circonstances dans l’histoire qui justifient le nettoyage ethnique. Je sais que ce terme est complètement négatif dans le discours du 21e siècle, mais quand le choix est entre le nettoyage ethnique et le génocide - l’annihilation de votre population - je préfère le nettoyage ethnique. »
  4. Dominique Vidal, Sébastien Boussois, Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949), éditions de l'Atelier, 2009, 254 pages, p. 165.
  5. Régine Robin, La mémoire saturée, éditions Stock, 5 mars 2003, 540 pages.
  6. « His colleagues call him a traitor », Tom Segev, Haaretz du 23 mai 2002.
  7. Yoav Gelber, L'état de l'historiographie en Israël, in Tuvia Friling (en), Critique du post-sionisme, éditions in press, 2004.
  8. (en) Cohen, Michael Joseph, 1940- editor., The British mandate in Palestine : a centenary volume, 1920-2020 (ISBN 978-0-429-63731-5, 0-429-63731-4 et 978-0-429-02603-4, OCLC 1124780398, lire en ligne), p. 2. My bias is apparent despite the desire of my peers that I stick to facts and the ‘truth’ when reconstructing past realities. I view any such construction as vain and preposterous.
  9. (he) « israel-academia-monitor.com - israel-academia-monitor.com - »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur www.israel-academia-monitor.com (consulté le ).
  10. (en) Benny Morris, « Politics by Other Means », The New Republic,‎ (ISSN 0028-6583, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Daniel Gutwein (he), Israeli Historical Revisionism: From Left to Right, London, Frank Cass Publishers (en),‎ , 16–8, « Left and Right Post-Zionism and the Privatization of Israeli Collective Memory ».
  12. (en) Benny Morris, « The Liar as Hero », sur The New Republic, .
  13. (en) Daniel Gutwein (he), « Left and right post‐Zionism and the privatization of Israeli collective memory », Journal of Israeli History (he), vol. 20, nos 2-3,‎ , p. 9–42 (ISSN 1353-1042 et 1744-0548, DOI 10.1080/13531040108576157, lire en ligne, consulté le ).
  14. (he) חוג'יראת מוסא, « הקשר בין ההגדרה עצמית של בני נוער מהמיעוט הערבי : במדינת ישראל ובין הערכתם העצמית הקולקטיבית », جامعة, vol. 17, no 2,‎ , p. 219–238 (ISSN 1565-8090, DOI 10.12816/0009965, lire en ligne, consulté le ).
  15. (ar) رامی عبد الحی محمد قابیل, « الإسرائیلیون وأزمة الانتماء دراسة نقدیة فی روایة הארץ שטה " أبحرت الأرض " للأدیب الإسرائیلی " حاجای داجان " », رسالة المشرق, vol. 33, no 4:1,‎ , p. 309–364 (ISSN 2682-4701, DOI 10.21608/rmshreq.2018.88228, lire en ligne, consulté le ).
  16. Sylvain Cypel, « Israël, 1948. Le massacre de Tantoura a bien eu lieu », sur Orient XXI, (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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