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2C-E

composé chimique

Le 2C-E (ou 2,5-Dimethoxy-4-ethylphenethylamine) est une drogue hallucinogène psychédélique dont la structure chimique est très proche de celle de la mescaline[2],[3]. Cette molécule est parfois utilisé comme enthéogène, et est souvent considérée comme un « Nouveau Produit de Synthèse »[4].

2C-E
Image illustrative de l’article 2C-E
Structure du 2C-E
Identification
Nom UICPA 2,5-Diméthoxy-4-éthyl-phénéthylamine
ou
1-(2,5-diméthoxy-4-éthylphényl)-2-aminoéthane
No CAS 71539-34-9
No ECHA 100.221.016
No CE 692-774-7
Apparence Poudre
Propriétés chimiques
Formule C12H19NO2  [Isomères]
Masse molaire[1] 209,284 8 ± 0,011 7 g/mol
C 68,87 %, H 9,15 %, N 6,69 %, O 15,29 %,
Caractère psychotrope
Catégorie Hallucinogène psychédélique
Mode de consommation

Ingestion, rarement inhalation

Risque de dépendance Inexistant

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Histoire

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Le 2C-E aurait été synthétisé pour la première fois par Alexander Shulgin[5].

Le produit serait apparu sur le marché au milieu des années 1980 aux États-Unis pour remplacer la MDMA après qu'elle y ait été interdite, puis diffusé sous plusieurs dénominations (ex : « Aquarust », « Eternity », « Europe » et « Hummingbird » selon Sutherland et al. en 2016)[4].

Selon Tracy et al. en 2017 les composés de type 2C (2C-s) sont des phényléthylamines substituées sur le cycle dérivées de la modification de la structure de la mescaline avec deux groupes méthoxy sur le cycle benzénique (2e et 5e positions)[6]. Sa structure chimique est également proche de celle de la MDMA[3].

Actions et effets psychophysiologique

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Les effets durent environ de 6 à 12 heures, avec un plateau durant entre 3 et 7 heures. Le début des effets se ressent entre 20 et 90 minutes après l'ingestion et la perception peut être modifiée pendant près de 24 heures. Shulgin a catégorisé le 2C-E dans « la demi-douzaine de substances magiques » dans son livre PiHKAL. Selon Vollenweider en 2001[7] et Aarde et Taffe en 2017[8], certains effets évoqueraient ceux du LSD (notamment par un côté introspectif) ou d'autres substances contrôlées et d'usage illégal. Certaines personnes éprouvent une euphorie, d'autres rapportent aussi des nausées et tensions musculaires.

Le 2,5-Dimethoxy-4-ethylphenethylamine inhibe dans le cerveau l'absorption de la noradrénaline et de la sérotonine et se comporte comme un agoniste partiel des récepteurs de la sérotonine 2A (5-HT2A), 2B (5-HT2B) et (5-HT2C), induisant selon les consommateurs « des effets psychédéliques légers à modérés », mais en 2020 ses effets pharmacologiques, physiologiques et subjectif, ainsi que sa pharmacocinétique n'avaient pas encore été étudiés[3].

Une première petite étude observationnelle a été faite par des chercheurs espagnols et néerlandais sur 10 utilisateurs récréatifs de psychédéliques qui se sont auto-administrés une dose orale unique de 2C-E (6,5 ; 8 ; 10 ; 15 ou 25 mg)[3]. Leur rythme cardiaque et pression artérielle ont été mesurés 2, 4 et 6 h après l'administration. Et trois types d'échelles d'évaluation ont été proposées pour mieux documenter les effets subjectifs de la molécule au départ, 2, 4 et 6 h après l'auto-administration[3] :

  1. de échelles visuelles analogiques (EVA) ;
  2. une version résumée en 49 items de l'Inventaire du centre de recherche sur les toxicomanies (ARCI) ;
  3. une évaluation des effets subjectifs des substances présentant un potentiel d'abus ( VESSPA-SSE).

Selon cette étude, le 2C-E a comme effets principaux d'altérer certaines perceptions, de provoquer des hallucinations et une euphorie. Le 2C-E a aussi été dosé dans la salive (prélèvement durant 6 h) ; le pic salivaire se produisait environ 2 h après l'auto-administration. Aux doses récréatives les effets psychédéliques du 2C-B sont ceux d'autres médicaments agissant sur la sérotonine[3].

Consommation

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Dans son livre PiHKAL, Shulgin situe le dosage entre 10 et 25 mg. Le 2C-E est généralement pris oralement, mais il peut être prisé. La consommation par voie nasale est intensément douloureuse, mais permettrait de diminuer la dose effective à moins de 5 mg. Selon Alexander Shulgin le 2C-E requiert des dosages prudents, la courbe de dose/réponse étant exponentielle ou logarithmique (comme pour la majorité des drogues). Une différence de 2 mg pourrait considérablement renforcer les effets ou la dangerosité du produit.

Toxicité, écotoxicité

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En 2020, la toxicité de la famille des phényléthylamines 2C n'est pas mesurée, pas plus que l'écotoxicité des résidus excrétés, car aucune étude n'a été entreprise à ce sujet.

Mais si le 2C-E suit le même modèle que le 2C-T-7, les risques d'un surdosage sérieux et potentiellement mortel sont sensiblement augmentés s'il est inhalé.

Législations

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Depuis 2012, le 2C-E est inscrit à l'article 1 (Schedule 1) du Controlled Substances Act des États-Unis, ce qui rend illégales sa fabrication, sa distribution et sa possession dans ce pays[9]

En 2006, le 2C-E n'était pas encore un produit listé par les conventions internationales relatives aux stupéfiants et aux psychotropes de l'ONU.

En Suède, c'est une substance contrôlée depuis le .

Notes et références

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  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) Derek K. Tracy, David M. Wood et David Baumeister, « Novel psychoactive substances: types, mechanisms of action, and effects », BMJ, vol. 356,‎ , i6848 (ISSN 1756-1833, PMID 28122697, DOI 10.1136/bmj.i6848, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d e et f Esther Papaseit, Eulalia Olesti, Clara Pérez-Mañá et Marta Torrens, « Acute Effects of 2C-E in Humans: An Observational Study », Frontiers in Pharmacology (CC-BY-SA 4.0), vol. 11,‎ (ISSN 1663-9812, PMID 32256350, PMCID PMC7093582, DOI 10.3389/fphar.2020.00233, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b (en) Rachel Sutherland, Amy Peacock, Elizabeth Whittaker et Amanda Roxburgh, « New psychoactive substance use among regular psychostimulant users in Australia, 2010–2015 », Drug and Alcohol Dependence, vol. 161,‎ , p. 110–118 (DOI 10.1016/j.drugalcdep.2016.01.024, lire en ligne, consulté le )
  5. Shulgin, A., and Shulgin, A. (1990). PIHKAL: A Chemical Love Story. Berkeley, CA: Transform Press
  6. (en) Derek K Tracy, David M Wood et David Baumeister, « Novel psychoactive substances: types, mechanisms of action, and effects », BMJ,‎ , i6848 (ISSN 0959-8138 et 1756-1833, DOI 10.1136/bmj.i6848, lire en ligne, consulté le )
  7. Franz X. Vollenweider, « Brain mechanisms of hallucinogens and entactogens », Dialogues in Clinical Neuroscience, vol. 3, no 4,‎ , p. 265–279 (PMID 22033605, PMCID PMC3181663, DOI 10.31887/DCNS.2001.3.4/fxvollenweider, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Shawn M. Aarde et Michael A. Taffe, « Predicting the Abuse Liability of Entactogen-Class, New and Emerging Psychoactive Substances via Preclinical Models of Drug Self-administration », dans Neuropharmacology of New Psychoactive Substances (NPS), vol. 32, Springer International Publishing, , 145–164 p. (ISBN 978-3-319-52442-9, DOI 10.1007/7854_2016_54, lire en ligne)
  9. (en) « Text of S. 3187 (112th): Food and Drug Administration Safety and Innovation Act (Passed Congress version) », sur GovTrack.us (consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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