[go: up one dir, main page]

Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Astral
Astral
Astral
Livre électronique217 pages3 heures

Astral

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

À Paris, une drogue meurtrière se répand, dissimulée dans l’ombre d’un cartel impitoyable. L’inspecteur Daniel Blasco, déterminé à faire éclater la vérité, se retrouve rapidement plongé dans une enquête bien plus sinistre qu’il n’aurait pu l’imaginer. Bientôt, ses nuits sont hantées par des visions terrifiantes et des cauchemars récurrents. Des signes qu’il ne peut plus ignorer, des indices troublants liés à une malédiction familiale née en Espagne. En remontant le fil de son passé, Blasco découvre que le danger ne réside pas uniquement chez les vivants… Mais que les pires horreurs se cachent là où on les attend le moins.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Auteur d’un premier ouvrage remarqué, Thibault Fernandez signe avec "Astral" un polar horrifique captivant, où enquête policière et éléments surnaturels se mêlent pour créer une atmosphère saisissante. Cette histoire, pensée depuis longtemps, trouve ses racines dans l’histoire de sa propre famille en Espagne. Un héritage mystérieux et énigmatique qui imprègne chaque page.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie10 sept. 2025
ISBN9791042281212
Astral

Auteurs associés

Lié à Astral

Livres électroniques liés

Catégories liées

Avis sur Astral

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Astral - Thibault Fernandez

    Chapitre 1

    La vieille femme au capuchon troué

    L’air était chaud et sec, rien d’anormal pour un début du mois de juin à Palafrugell.

    Ribera avait toujours eu l’habitude des grandes chaleurs, il se souvenait encore de l’été 1949, lui qui avait fait rougir sa peau, suer son front et brûlé une petite forêt à une dizaine de kilomètres de sa « maison ».

    En évoquant une maison, je suis certainement bien trop tendre.

    Jusqu’à ses 20 ans, Ribera vivait plutôt dans ce que l’on pourrait qualifier de cabane, un édifice en bois, une bicoque composée d’une majeure partie de chêne, qui avait été soigneusement et solidement montée par son grand-père, puis rénovée régulièrement par Fabio, son père. Cette même habitation n’avait malheureusement supporté que trop d’hivers, ou trop d’étés. Et même si Ribera et Emilio, son jeune frère, n’avaient jamais rechigné, eux aussi à remplacer les planches cassées ou moisies, il ne faisait aucun doute que leur abri menaçait de se briser à la première tempête.

    Comme un bon aîné, Ribera avait repris les rênes du foyer à la mort de son père.

    Fabio, comme beaucoup d’hommes dans cette petite ville, avait pour habitude de se lever aux aurores avant de descendre plus bas à Calella, où il prenait la mer dans la petite embarcation de son cousin en quête de quelques poissons à vendre sur le marché. Malheureusement, sa soif de liberté et son envie d’un monde meilleur l’avaient conduit à se dresser contre Franco et à rejoindre la résistance.

    Ribera et Emilio étaient aux côtés de leur mère, lorsqu’un matin d’automne un ami de la famille avait frappé à la porte fragile de leur habitation afin de leur annoncer la capture de Fabio, leur père, et son exécution brutale qui avait suivi.

    Ce jour sombre n’avait en rien entaché l’ambition de Ribera pour qui il était hors de question de finir ses jours sur un vieux bateau de pêche ou encore à genoux, la peau écorchée dans les champs d’oliviers. C’était maintenant à lui de prendre soin des siens, d’offrir à sa mère et son frère une vie plus décente, loin de cette cabane, loin de Palafrugell, et pourquoi pas même loin d’Espagne en ces temps miséreux. Mais aujourd’hui, cela est bien différent.

    La chaleur s’intensifiait, cela n’avait plus guère d’importance pour Ribera, il lui suffisait de se réfugier au frais, dans sa grande et charmante maison aux murs épais sur la falaise. Celle qu’il avait acquise à l’âge de ses 30 ans seulement, à quelques mètres du charmant logis où vivaient son frère et sa mère dont il était également le propriétaire.

    Il avait réussi son pari, sa vie, avait été brillant lors de ses études et avait une intelligence sociale très avancée. Ses proches lui avaient souvent suggéré de partir pour Barcelone afin de rejoindre une grande université, exercer un métier dans la politique, puis monter les échelons petit à petit jusqu’à devenir aussi important que le roi d’Espagne.

    Afin de rester avec sa famille, il avait choisi de monter son entreprise, une scierie, la scierie Amador qui portait le même nom que lui.

    Dans les premiers temps de son entrepreneuriat, Ribera travaillait avec son frère qu’il avait naturellement embauché. Dans le milieu professionnel, l’entente entre les deux frères était parfois conflictuelle et rude, mais Emilio ressentait pour son aîné un profond respect qui lui permettait de supporter l’exigence que celui-ci pouvait avoir envers lui.

    Les bons investissements de l’entrepreneur et sa notoriété grandissante dans le domaine participèrent au développement rapide de son affaire. En une dizaine de semaines seulement, la famille Amador eut besoin de nouveaux bras afin de multiplier la production et ainsi honorer leur carnet de commandes.

    Dans un premier temps, le cousin de Fabio abandonna son bateau pour rejoindre l’aventure de la scierie en emmenant sa fille et son gendre. Rapidement encore, cela ne fut pas suffisant, de ce fait, Ribera avait décidé de faire appel aux Blasco.

    Blasco était le nom de jeune fille de sa mère. Celle-ci venait d’une famille nombreuse, ayant 5 frères et 2 sœurs, puis de multiples oncles, cousins, neveux et nièces. Il n’y avait aucun Blasco que Ribera appréciait particulièrement. Au contraire, il avait toujours pensé que ce côté de la famille avait été bien trop peu présent depuis la mort de Fabio. Malgré tout, il avait besoin de bras et le plus rapidement qui soit, de plus, l’idée d’une entreprise familiale ne lui déplaisait pas.

    C’est ainsi que son oncle Antonio Blasco rejoignait l’aventure, avec seulement l’un de ses fils, Ramon. Puis sa tante Paola et sa fille Mercedes, son cousin Miguel, sa grand-tante Sofia et ses trois fils : Rafael, Juan et Matéo, trois beaux jeunes hommes bien bâtis, du personnel de choix pour la scierie.

    Les années qui passèrent furent prospères, chacune d’entre elles offrit à Ribera un peu plus de matériel, de confort et d’argent sur son compte bancaire ayant mené à l’acquisition de la grande et belle maison sur la falaise, à moins d’un kilomètre de la scierie Amador.

    Bien au frais entouré d’épais murs, Ribera ne souffrait pas de la chaleur exceptionnelle de ce début de mois de juin. Il avait investi dans un système qui lui permettait d’avoir accès à l’eau potable courante, ce qui était loin d’être généralisé en 1967 dans la province de Gérone ou l’huile d’olive était moins coûteuse que l’eau.

    À l’étage, il avait aménagé dans une grande pièce ouverte faisant l’entièreté de la superficie du bâtiment, un immense bureau dans lequel il passait la majorité de son temps libre. Ribera avait toujours semblé n’être obsédé que par le travail, à sa recherche de réussite et son enrichissement personnel. Contrairement à Juan, Matéo et même Emilio, celui-ci n’avait toujours pas trouvé la femme de sa vie. La plupart diraient qu’il n’avait d’ailleurs jamais pris le temps de partir à sa recherche.

    Cela faisait maintenant six ans que la scierie Amador était devenue l’affaire la plus florissante de la ville. La vérité, bien que triste était la suivante : Plus Ribera s’enrichissait, plus il se coupait du monde, de sa mère, de son frère et plus il passait de temps à l’abri dans son vaste bureau à l’étage de sa demeure. Celui-ci était présent lors du mariage d’Emilio, lors du baptême de Sergio, le fils de Juan et Angelica ou encore pendant les obsèques du cousin de son père qui avait perdu la vie après une intoxication au monoxyde de carbone causé par un appareil de chauffage défectueux. Bien qu’il fût là, Ribera n’avait démontré aucune réelle émotion lors des derniers évènements, que ceux-ci soient heureux ou tragiques.

    Malgré le refroidissement flagrant de son âme, il gardait une bonne relation avec sa mère et Emilio. Cela était bien moins le cas avec les membres de la famille Blasco, qui considéraient avec sans doute beaucoup de raison, le manque de partage de richesse des Amador. Ceux-ci habitaient à une trentaine de kilomètres de Madrid et travaillaient dans les fermes du coin avant qu’ils ne soient appelés par Ribera. Ils avaient quitté une vie de misère pour en retrouver une autre loin de chez eux, et au fur et à mesure que leur patron s’enrichissait, la rancœur des Blasco grandissait.

    Ce jour-là, le chef d’entreprise dut quitter sa confortable maison. En compagnie de son frère, il s’était rendu plus à l’ouest, sur une terre boisée qu’il avait acquise quelques semaines plus tôt, à proximité du dolmen du Puig d’Arques. Il avait pour habitude de soigner toutes apparences. Même pour un petit voyage à quelques kilomètres de Palafrugell, il n’était pas question pour Ribera de voyager sans sa nouvelle Cadillac Eldorado, monter dans la 504 d’Emilio ne lui aurait même pas traversé l’esprit. Ses pieds foulèrent tout de suite une terre verte qui illustrait une nature forte qui n’avait jamais perdu ses droits.

    Ribera avait acheté ce terrain à la commune car il avait remarqué la robustesse et la qualité du bois appartenant aux arbres qui se dressaient fièrement en direction du ciel sans nuages. L’endroit n’avait pas changé depuis qu’il s’y était rendu il y a maintenant de nombreuses années avec son père, en quête de quelques champignons et d’une promenade agréable. Cette fois-ci, il était sur place pour le business, à la recherche de bois de bonne qualité pour son affaire. Ribera avait l’habitude de réussir ce qu’il entreprenait, à ce moment, celui-ci pensait encore que cet investissement serait des plus bénéfiques pour la scierie Amador, ignorant encore qu’il le mènerait à sa perte.

    Peu de temps après leur arrivée, deux vieilles camionnettes abordèrent les terres boisées, six ouvriers en sortirent. Parmi eux, on pouvait compter les trois enfants de Sofia. Sous les ordres d’Emilio, ils ôtèrent leurs matériels des larges coffres et commencèrent à s’attaquer à deux immenses chênes.

    Malgré le vacarme assourdissant des machines, Ribera s’était posé un instant, scrutant fièrement l’endroit qui était désormais sien. Rapidement il s’était rendu compte que lui et ses hommes n’étaient pas seuls sur la propriété.

    Que feriez-vous si au milieu du bois, vous remarquez une silhouette inquiétante et sombre qui vous observe fixement d’un air menaçant ?

    Pour ma part, je n’aurais sans doute pas agi de la même manière que Ribera, j’aurais ajouté une bonne dose de prudence supplémentaire. Après tout, il avait acquis au fil des années et des succès, une très forte estime de lui-même. Qui de mieux que l’enfant prodige de Palafrugell pour affronter une situation déplaisante ?

    La vieille femme aux traits creusés par les années, au regard noir, habillée d’un vieux capuchon grisâtre et percé de nombreux trous n’avait nul droit de s’inviter à la fête. Elle se trouvait sur ses Terres et devait en partir, c’est ce que pensait Ribera en se dirigeant vers elle sans la moindre hésitation. L’entrepreneur se figea un instant en observant cette visiteuse indésirable. Sa peau, d’un gris pâle, était marquée par des rides profondes qui ressemblaient à des sillons creusés par le temps. Ses yeux, petits et perçants, brillaient d’une lueur malicieuse sous des sourcils blancs, touffus et indisciplinés. Des mèches de cheveux hirsutes, gris argenté, s’échappaient de son capuchon, un vieux tissu utilisé qui pendait de son épaule. Ce capuchon, en lambeaux, présentait des trous béants, révélant parfois des morceaux de peau parcheminée. Il était délavé, presque noir de salissures, et semblait avoir été porté pendant des siècles, au fil des vents et des mauvais sorts. Ses mains, noueuses et pleines de verrues, tenaient fermement un bâton tordu, comme prolongement de son corps décharné.

    « Vous n’avez rien à faire sur ces terres ! » avait hurlé la vieille femme d’un ton menaçant lorsque Ribera était venu à sa rencontre.

    Qui était-elle ? Pour qui se prenait-elle ? Ignorait-elle qu’il avait acquis légalement ces terres ? Désormais, elles lui appartenaient, il n’avait aucunement l’intention de plier le genou devant cette vieille folle.

    Sans trembler, Ribera ordonna fermement à la femme de rebrousser chemin et de ne jamais revenir dans cette propriété privée. La sorcière avait ainsi exposé ses dents pourrissantes et laissé éclater un rire diabolique qui aurait glacé le sang de plus d’un homme, mais pas celui de l’entrepreneur.

    « Ses terres ne seront jamais les vôtres, elles appartiennent à mes ancêtres ; peu importe la façon dont vous pensez les avoir acquises, chacun des arbres qui se trouvent ici est à moi, plus ils tomberont, plus vous le payerez. Maudits soient les individus comme vous qui se rendent ici, guidés par la cupidité. Vous regretterez amèrement d’avoir mis les pieds dans ce sanctuaire sacré », avait dit la vieille femme avant de se retourner et continuer son chemin en riant davantage.

    « Que le monde est fou ! »

    C’est ce que pensait notre protagoniste en observant l’ahurie s’éloigner jusqu’à se fondre dans l’ombre des hauts chênes.

    Le lendemain fut un jour comme un autre. Les procédures étaient bien rodées à la scierie, il s’en était assuré lui-même, nul besoin pour Ribera de se rendre chaque jour là-bas et supporter la vue de sa famille maternelle se plaignant continuellement, à l’affût de la moindre requête.

    Une fois de plus, ce jour sera une journée enfermée dans son bureau à étudier les prochains investissements et la rentabilité de son affaire.

    Alors qu’il se penchait sur ses cartes, dans l’étude d’un terrain à proximité de Santa Margarida, Ribera entendit un bruit, une sorte de claquement en provenance du rez-de-chaussée. Rien d’anormal au premier abord, cela pouvait rappeler au chef d’entreprise son ancienne vie, des craquements du bois vieillissant au sol et sur les murs de la cabane.

    Rapidement, il entendit un second bruit similaire, puis un troisième plus assourdissant. Le mercredi, la femme de ménage était en repos, ce qui au départ pouvait n’être qu’un bruit banal et naturel commençait à inquiéter Ribera.

    Celui-ci pensait à un potentiel cambriolage. Il avait saisi une longue tige d’acier et s’était dirigé vers le haut escalier. À chaque pas prudent qu’il faisait en descendant, il entendait le vacarme en bas s’intensifier. Arrivé dans le salon, Ribera constatait avec stupeur que les meubles étaient déplacés, parfois renversés, les peintures solidement fixées au mur étaient étalées à présent sur le sol.

    Il fit un tour rapide, malgré un certain nombre de biens abîmés, il n’eut pas l’impression qu’il manquait quelque chose.

    Il avait vérifié la porte d’entrée, celle-ci était bien verrouillée, toutes les fenêtres étaient bien fermées et aucune n’était brisée.

    Avant de remettre tout en ordre, Ribera avait méticuleusement fait le tour de sa propriété, toujours armé de son arme improvisée, mais il n’avait rien trouvé d’anormal. Aucun dégât n’avait été constaté à l’étage, il ne pouvait donc pas s’agir d’un tremblement de terre, à vrai dire, aucune explication rationnelle ne venait en tête de l’homme d’affaires.

    Même les individus du calibre de Ribera pouvaient avoir peur, et ce jour-là, ce fut le cas.

    Sa maison rangée, il prit le volant de sa Cadillac et se rendit à Begur. L’une de ses connaissances y possédait un élevage canin. Bien que celui-ci soit spécialisé dans les lévriers qu’il dressait et vendait pour les courses, il possédait également quelques Cane corso,

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1