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Les cicatrices du silence: Au cœur du pardon
Les cicatrices du silence: Au cœur du pardon
Les cicatrices du silence: Au cœur du pardon
Livre électronique115 pages1 heure

Les cicatrices du silence: Au cœur du pardon

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À propos de ce livre électronique

"Les cicatrices du silence – Au cœur du pardon" brise un tabou en plongeant au cœur du tourment d’un père, démuni face à la violence de son propre enfant, en proie à des troubles du développement tels que la dyslexie et le TDAH. D’abord maladroits, les gestes se font plus durs, les mots blessent, la communication s’effrite, laissant place à une incompréhension grandissante. Pourquoi une telle escalade ? Comment enrayer cette spirale infernale avant qu’elle ne devienne irréversible ? Avec sincérité, ce récit explore les dilemmes de la parentalité, les failles du système éducatif, le poids des attentes sociétales, mais aussi la force du pardon et le long chemin vers la réconciliation. Un ouvrage bouleversant et nécessaire, qui éclaire autant qu’il interpelle, et dont chaque page résonne comme un appel à comprendre l’indicible.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Engagé dans la création culturelle en Arts vivants, Yvan Tetelbom s’est également spécialisé en poétique de langage et est intervenu dans divers contextes éducatifs et sociaux. Auteur à la SACEM, il a étudié la comédie au cours René Simon afin d’interpréter ses propres poèmes.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie14 mai 2025
ISBN9791042266455
Les cicatrices du silence: Au cœur du pardon

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    Aperçu du livre

    Les cicatrices du silence - Yvan Tetelbom

    1

    La déposition

    Qui supporterait tant de honte et de deuil, l’injure du tyran, les mépris de l’orgueil […] la cruelle souffrance […]

    William Shakespeare, Hamlet

    Il y a encore quelques jours, c’était le printemps, cette saison devenue de plus en plus sèche et chaude à cause du réchauffement climatique dû à l’activité humaine. Mais cette averse glaciale, neigeuse, qui s’était mise à tomber d’un coup sur mon existence, venait aggraver toutes les prévisions.

    Je m’approche à pas poussifs d’une bâtisse à la rotondité grossière, s’élevant sur trois niveaux, chacun arborant d’innombrables fenestrons au-dessus desquels flotte un drapeau tricolore, symbole de la République française. Depuis le drame, j’ai une larme dans la gorge qui se contracte, se compacte, fait boule qui grossit, grossit.

    Ce commissariat de police nationale est l’unique lieu où je peux libérer ma conscience ! La large porte vitrée me renvoie l’apparence d’un homme vieilli, usé, fatigué. J’ai peine à me reconnaître. Autrefois, j’étais fringant, sémillant. J’avais une perception positive du monde. Je lance un regard apeuré à l’intérieur. J’hésite à appuyer sur le poussoir de la sonnette. Trop tard pour rebrousser chemin. Je m’engage à reculons dans le sas sécurisé. Je vide nerveusement le contenu de mes poches : de la menue monnaie, des clés, un téléphone portable, tandis que le policier en faction fouille mon sac à dos.

    Je me dirige en titubant vers la réception. Une jeune femme aux cheveux d’ébène me demande d’une voix de crécelle la raison de ma présence, puis m’indique du regard la salle d’attente bondée d’individus singuliers.

    Je jette un œil furtif sur les gens qui m’entourent : celui-ci est chétif, rondouillard. Il porte une casquette de jockey, ornée sur le devant d’un écusson en silicone transparent. Ses mains et ses pieds sont agités par des mouvements de contorsion involontaires. Celui-là, un grand maigre aux yeux craintifs, se ronge les ongles jusqu’au sang. Et cette femme, là-bas, à la raideur guindée, qui se tortille sur son séant, vocifère à tue-tête que des Maghrébins viennent de lui arracher son sac Hermès, avec tout son argent, ses papiers et ses bijoux.

    Je ne devrais pas être là. Pour tuer le temps, je reconstitue dans ma tête la scène de « l’exécution ».

    Je me retrouve assis, pantelant sur un tabouret branlant, dans une pièce exiguë, sombre, enserrée par des murs épais, noircis par la poussière. Une trappe intégrée au plafond diffuse une lueur crayeuse.

    Un homme à la carrure d’athlète, grand, brun, sûr de lui, le regard franc, prend place derrière un bureau gris, datant des années 50, sur lequel est posée une vieille machine à écrire modèle Olivetti. Vu l’envergure qu’il dégage, je pense que c’est le commissaire divisionnaire. Sa voix grave, virile, puissante, tranche avec la mienne, affaiblie, presque inaudible.

    « Bonjour Monsieur. Je vous écoute ! Et d’abord, comment vous appelez-vous ?

    — Eugène… Eugène Timothée. Voilà ! J’ai un fils qui s’appelle Tom. Il est majeur. Il vit encore à la maison. Ces derniers temps, il était devenu agressif à mon égard, me coupant systématiquement la parole, m’apostrophant en termes insolents, jusqu’à user de sa force physique pour me molester.

    — Et donc ?

    — Je vais tout vous dire. C’est difficile de mettre des mots sur ce qui m’est arrivé. Tom devait récupérer sa besace qu’il avait oubliée chez sa tante. Il avait pris le volant de notre vieille Renault Clio, comme on prend le pouvoir. Muriel était assise à ses côtés, et moi, je me tenais sur la banquette arrière parce que je n’aime pas conduire. Je leur avais demandé de me déposer à mi-parcours, entre Saint-Laurent-du-Var et Nice.

    — Quand cela s’est-il passé ?

    — C’était il y a deux jours. Il était 9 heures.

    — Muriel, c’est qui ?

    — C’est mon épouse et c’est aussi sa mère. Tom est notre fils !

    — Poursuivez, je vous prie.

    — L’autoradio diffusait la bande originale du film Himalaya, tandis que Tom conversait haut et fort avec sa mère. Sa voix couvrait la musique. Il affirmait que la famille, c’était central ou quelque chose comme ça ! J’aurais dû rester discret. Mais voilà, à cet instant, je n’ai pas su me taire. C’était plus fort que moi. J’ai murmuré sur un ton à peine perceptible « NON ». Les contre-vérités me heurtent. Cette réponse soulevait une espérance. L’espérance d’une famille unie ! Et pour moi, nous étions loin du compte !

    — Passons sur les détails ! Venons-en au fait.

    — C’est alors que, pris dans un tourbillon irrationnel de démence, Tom a brusquement pilé. Par miracle, les véhicules qui nous collaient ont freiné à mort, évitant in extremis la collision. On se serait cru dans un épisode de la série J’ai tué mon père, inspirée de faits réels, réalisée par Skye Borgman.

    — Vous ne m’avez pas compris, Monsieur Timothée, je vous ai dit d’aller à l’essentiel !

    — Oui, oui, je poursuis… Conscient qu’il ne pouvait rester immobilisé, au milieu de la route, Tom a redémarré en trombe, accéléré pleins gaz, roulé sur une dizaine de mètres, s’est engagé sur un petit chemin en montée raide, signe qu’il avait encore toute sa lucidité pour suspendre sa pulsion morbide. Il a stoppé le moteur, puis a jailli hors du véhicule, l’a contourné d’un pas militaire, a foncé sur moi, les yeux injectés de rage, a ouvert violemment la portière où je me tenais, a relevé ma tête pour la dégager, et là, il m’a asséné trois gifles coup sur coup, en gueulant comme un charretier.

    — Bon, soyez plus précis.

    — La première gifle me surprit. C’était un coup violent, frappé du plat de la main, produisant un son bref, infligé pour humilier. La deuxième survint, sèche, hargneuse, vengeresse, donnée pour faire mal, aussitôt suivie d’une troisième frénétique, barbare,

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