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La Poutre et le Mot: suivi de la Corde
La Poutre et le Mot: suivi de la Corde
La Poutre et le Mot: suivi de la Corde
Livre électronique96 pages46 minutes

La Poutre et le Mot: suivi de la Corde

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À propos de ce livre électronique

Un conte à rebours, une poésie drolatique, un texte voyageur qui se lance sur les pages comme un chevalier sur les ailes d'un moulin.
Dans ce fabuleux récit, l'écriture élude la grammaire, disloque sa charpente pour y suspendre, avec aplomb, humour et déraison, son interrogation. Les mots sont-ils l'armature de nos existences?
Voici une littérature inédite qui plonge avec délice le lecteur au pays des mots.
LangueFrançais
ÉditeurBoD - Books on Demand
Date de sortie7 avr. 2025
ISBN9782322659555
La Poutre et le Mot: suivi de la Corde
Auteur

Bruno Merle

Depuis l'enfance la poésie est là, lue, composée, nécessaire. En vers ou en prose, écriture âpre, légère, farceuse, noire, inquiète, toujours exigeante et rigoureuse. Les mots s'y assemblent et, à plusieurs, tentent de franchir leurs limites, le poème est écho, il est aussi corps. Il aime être jeu quand il a cessé d'être triste, comme la vie. Henri Michaux, Francis Ponge, Fernando Pessoa, Lorca sont parmi bien d'autres les auteurs qu'il aime. Bruno Merle travaille dans l'éducation. Il a vécu une grande partie de sa vie en Andalousie d'où il a publié ses premiers ouvrages. Il organise parfois des lectures musicales et a accompagne avec ses mots des expositions d'art plastique.

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    Aperçu du livre

    La Poutre et le Mot - Bruno Merle

    La Poutre

    Dans une petite ville de Provence, dont je tairai le nom, vivait il y a peu un de ces vieux jeunes hommes avec maisonnette de banlieue, habits bon marché, voiture d'occasion, non hybride, et bibliothèque hétéroclite. Assez haut de taille, les cheveux jadis bruns aujourd'hui gris, le regard tantôt rieur tantôt éteint, c'était un être agréable aux yeux de son entourage même s'il n'était pas toujours enclin à la bonté pour lui-même. Conscient des marques que les années commençaient à lui infliger, il réussit à conserver son narcissisme naturel en se persuadant qu'on disait de lui sur son passage : Ce dut être un bel homme ! Il s'appelait lui-même Vieux Jeune Homme, comme on se donne un titre, comme on dirait gentilhomme. Par commodité graphique il adopta pour se désigner l'acronyme VJH, cette appellation à l'américaine lui conférait une classe universelle. Il passait le plus clair de son temps à voyager, non pas sur le globe bien qu'il eût connu dans le détail plusieurs pays étrangers, mais à voyager parmi les mots. Il y voyagea tout d'abord comme un lecteur ordinaire, porté dans les méandres des romans, questionné par les dialectiques des essayistes, admiratif des observations des anthropologues. Cependant il avait une prédilection pour la poésie, elle lui permettait d'entrer à l'intérieur des êtres, des choses, d'entrer en son propre intérieur. Il plongeait avec tant d'engouement et, il faut le dire, avec tant de curiosité pointilleuse dans ces littératures qu'il en vint à observer le langage à la loupe, les mots lui apparaissaient non plus comme les signes d'un tout mais comme des morphèmes orphelins, extirpés de la phrase, porteurs de mystères et d'interprétations imaginaires. Il voulait découvrir en quelque sorte la signification de la signification. Peu à peu ses lectures finirent par faire émerger dans son esprit maints chemins lumineux qu'il décida de transcrire à son tour sur le papier.

    Cela ne vous aura pas échappé, ce préambule s'apparente délibérément à celui du célèbre roman de Miguel de Cervantés. C'est tout naturel puisque notre Vieux Jeune Homme s'était décidé à partir à l'aventure des mots avec le même dessein que le Chevalier à la Triste Figure : venir au secours des déshérités, lecteurs et littérateurs, afin qu'ils puissent pénétrer les arcanes des vocables, faire parler la parole à son insu et ainsi s'approcher de la réalité cachée, cette réalité sans définition ni logique, la véritable, la divine, qui nous échappe toujours et encore. Sa devise : La lettre avant la pensée. Car l'essence des choses et des phénomènes ne bruit qu'à l'instant où elle touche nos âmes, son timbre s'évanouit dès qu'on se met à la réfléchir. Pour s'en approcher il convient d'avancer obliquement à travers les mots, d'écrire comme marchent les crabes. Et tant pis pour la phrase admirable, la formulation parfaite (après la perfection plus d'horizon !) En cette époque du numérique, 01, 0-1, 0-1... de l'I.A chargée d'algorithmes sans imagination, il était impérieux pour notre écrivain de résister à ces formes de pauvreté et d'ignorance. Les armes pour ce combat ? La dérision et la déraison. Le vieux jeune homme commença par s'initier à l'oulipo, à l'écriture automatique, aux dérapages surréalistes, il rechercha toutes les manières de contourner les dogmes de la sémantique. L'exercice consistait à écrire, écrire... jusqu'à modifier la surface des mots et des récits, les décomposer, s'en jouer, dépasser avec gravité ou fantaisie l'artifice de la logique, redistribuer les causes et les effets. Les histoires, comme les rêves, révèlent la vérité à travers leur apparente incohérence. Alors il importe de se risquer sans craindre l'ineptie ni le ridicule, d'éliminer les filtres ou au contraire accentuer les règles, en inventer de nouvelles. Un devoir de santé personnelle, de santé publique.

    Il partit donc en errance, stylo-bille lutinant, index (au pluriel) sur le clavier. L'inédit était au coin de chaque mot, à chaque détour de phrase. Notre styliste chutait parfois sur des pistes glissantes, se déchirait à des broussailles enracinées dans

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