Les légendonautes - Tome 4: La Dernière Légende

ZIGOR au nez d’or

Douane des mondes de légendes

Eternitius est assis à son bureau en train de consulter un vieux volumen qu’il déroule précieusement tout en parlant à son chat Xénon qui, selon sa chère habitude, est étalé sous la lampe.

Il déroule le rouleau de papyrus de gauche à droite.

Il déroule le rouleau de haut en bas.

Eternitius fait deux choses à la fois : il sourit et sursaute en même temps. C’est que la Porte du Choix vient de grincer sur ses gonds. Un grand jeune homme apparaît un peu ahuri. Xénon se dresse sur ses pattes, saute à terre et vient le renifler… Puis il se frotte à ses jambes en ronronnant.

Plutôt bon signe, pense le vieux douanier.

Eternitius donne l’accolade à Zigor en l’accompagnant d’un immense sourire.

Que le chat parle, ça, sa mère le lui avait raconté, mais l’entendre de ses propres oreilles…

Que la bibliothèque du douanier soit immense… là encore, la voir de ses propres yeux…

Eternitius fait les présentations :

Zigor prend confiance, car il sent une chaleur amicale dans la voix du vieux douanier.

Zigor hoche la tête d’un air très concentré. Xénon s’est de nouveau étalé sous la lampe du bureau.

Tout en marchant de long en large, Zigor raconte passionnément le but de sa mission.

Rêverie

Olympe

Selon sa bonne vieille habitude, Zeus à une coupe de nectar à moitié vide à la main. Il ronchonne comme souvent.

Non, rien. Même les mouches, toujours là, s’ennuient.

Arès, dans sa cuirasse d’or, plus belliqueux que jamais, clame :

L’ivrogne s’affale sur la table avec un sourire béat. Et rêve…

Il sait, lui, ce dont il a besoin.

Il veut, il veut auprès de lui cette délicieuse petite Lys ! Chacune de ses apparitions a été un enchantement de distraction. Bon d’accord, elle a une idée fixe avec ce roi… comment déjà ? Enfin ce roi de l’Atlantide… Mais elle sait rendre l’atmosphère légère… Elle a un don pour l’habiller avec des tuniques sublimes… D’ailleurs, les trois sourcils en or qu’elle lui avait offerts sont toujours là… Bon un peu en bataille, accrochés au bord de la coupe renversée…

Et là, il ne pense plus à rien, non, à rien… il ronfle !

Douane des mondes de légendes

Eternitius vient de rayer, non sans nostalgie, le prénom de Lys sur le passelégendes du jeune homme. À côté, il inscrit Zigor.

Zigor baisse la tête. C’est mal parti !

Sourire énigmatique du chat et de son maître. Est-ce qu’ils pensent à Pandore ?

Zigor s’enhardit et son pouce appuie sur le logo de son passelégendes, désormais personnel : destination l’Olympe !

Peau qui pue !

Olympe

Pour sa première visite en Olympe, Zigor atterrit comme sa mère en son temps, dans la grande prairie verte constellée de chèvres blanches. Le ciel est d’un bleu magnifique et la curieuse Séléné n’est pas encore là sinon cette lune argentée n’aurait pas manqué de s’intéresser à ce nouveau venu.

Zigor n’est pas effrayé par ce chien fou qui court vers lui dans la danse de ses longs poils en or. Cridenbel, car c’est bien le chien décrit par sa mère, vient le sentir en frétillant de la queue. Puis, il jappe en courant autour de lui, tout joyeux.

Le chien est fou de joie, car il sent l’odeur de Lys sur le jeune homme. Et il vient de l’appeler par son nom ! Qu’est-ce qu’il demande ? Héphaïstos ? Mais oui bien sûr, tout ce que tu veux, j’adore ton parfum, allez suis-moi !

Au loin, les bergers appellent Cridenbel qui n’en a cure et entraîne Zigor dans une course folle.

Pendant ce temps, l’assemblée de courtisans se presse auprès de Zeus. C’est l’heure, comme tous les jours, pour le pauvre Dieu, d’entendre une collection de doléances diverses et variées, mais invariablement les mêmes quand même.

Cependant, ce matin, tout le monde se bouche le nez, même les mouches olympiennes qui, d’ordinaire, adorent les mauvaises odeurs.

C’est Héphaïstos vêtu de sa peau d’ours blanc qui vient d’arriver.

Il boite plus que jamais, mais son cerveau bien entraîné rétablit l’équilibre à la vitesse de l’éclair. Il n’a pas l’air empoté qu’il devrait avec le bas de son corps. Tout là-haut dans sa tête, comme une tour de contrôle, son intelligence fine gouverne sa vie.

L’assemblée recule par vagues qui protestent, le laissant passer devant afin d’écourter au maximum sa venue.

Cela fait sourire Zeus et le met de bonne humeur.

Bon vent, bon vent… façon de parler !

Oh ! Indigné de toute l’assemblée qui demande à grand renfort de tapage, que le forgeron reste et fabrique leurs commandes !

Zeus essaie de tempérer les choses maladroitement et l’assemblée s’insurge de plus belle en exigeant l’élimination de cette Peau qui pue !

Le slogan enfle et fait trembler les colonnes de la grande salle.

Zeus adore son forgeron qui lui fabrique tous ses caprices avec une dextérité, une finesse inégalée, olympienne donc. Mais il craint cette rébellion soudaine et pour se donner bonne conscience, il fait approcher le forgeron près de lui.

Il se bouche le nez et renvoie d’un revers de main à plus de deux mètres le pauvre forgeron qui baisse la tête. Il a compris.

Hourra !

Zeus soupire. Est-ce vraiment lui qui commande