Hier il sera trop tard
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À propos de ce livre électronique
Un jour, elle monte.
Un roman captivant qui tient en haleine jusqu'à l'étourdissante révélation.
Geneviève Steinling
Le théâtre jeunesse de Geneviève Steinling est régulièrement joué en France et à l'étranger notamment dans des écoles d'immersion française et des centres de loisirs.
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Aperçu du livre
Hier il sera trop tard - Geneviève Steinling
À Diana, ma fille
Pour toi
Sommaire
Dans le Jura – 1978
En région parisienne – 1978
En région parisienne – 1979
En région parisienne – 1980
Dans le Jura – 1980
Bibliographie
Dans le Jura – 1978
Le vent était glacial.
La voix grave et solennelle du curé ressemblait à une chanson triste, je l’écoutais à peine, trop occupée à observer le jeu de la mouche posée sur ma main et qui me ramenait au noir de ma vie.
Mes yeux redessinaient le ruban adhésif scotché au plafond de la cuisine sur lequel tous ces insectes s’agglutinaient, pris au piège.
Ça bourdonnait dans ma tête...
La mort s’était emparée de mon père, la vraie mort, celle que l’on ne peut nier et j’ai fait le rapprochement avec cette autre mort, invisible et sournoise, celle qui vous fait croire que vous êtes vivants : vous bougez, vous parlez, vous respirez mais vous êtes morts à l’intérieur, tout ça parce que quelqu’un vous a rendus si insignifiants que vous êtes là à vous demander si vous existez vraiment.
La ronde infernale du passé m’a rattrapée.
Et je me suis apparue.
J’ai presque huit ans.
C’est le jour de la rentrée des classes.
J’étrenne une jupe plissée à carreaux jaunes sur fond gris et un pull noir, tous deux achetés spécialement pour l’occasion. Aux pieds, je porte des chaussettes en laine couleur ocre dans des bottines en cuir qui sentent le neuf. Les deux nattes serrées qui tombent derrière mes oreilles arrivent à mi-hauteur de mon dos. Ma mère s’est particulièrement appliquée à les tresser. À l’extrémité de chacune, elle a noué un ruban vichy jaune et blanc.
La veille, elle a ciré mon cartable en cuir, celui que je traînerai jusqu’à la fin de ma scolarité. Elle l’a lustré avec un chiffon doux. Il brille et dégage une odeur de miel.
C’était devenu le rite de chaque veille de rentrée des classes. Ma mère donnait à ce jour une importance particulière, il était primordial que je fasse bonne impression, je devais paraître aux yeux de la maîtresse une petite fille propre et bien élevée, il en allait de sa réputation et de celle de notre famille.
« C’est pas parce qu’on est pauvre qu’on n’est pas des gens bien », qu’elle disait.
Je revois ses yeux qui voyagent sur moi.
Après chaque détail minutieusement inspecté, elle me dit :
— On dirait un sou neuf. Tu peux y aller ! Et fais attention à tes chaussures, ne les salis pas !
Comme je ne réponds pas, elle insiste :
— Tu entends ?
— Oui, maman, je te le promets.
Elle me tend un goûter, un morceau de pain avec une barre de chocolat noir et termine par :
— Allez ! Va maintenant !
Elle oublie de m’embrasser. J’ai le cœur gros.
— Viens ! me dit mon frère en me prenant la main.
Pendant la pause de midi, il nous fallait faire vite car vingt minutes de marche séparaient notre maison de l’école. De plus, comme notre mère mettait un point d’honneur à ce que ses enfants ne soient pas en retard, nous arrivions en avance et nous attendions patiemment que les grilles de l’école s’ouvrent.
Hors de question de nous plaindre.
Le plus dur, c’était en hiver.
Le cercueil était en place, prêt à combler la fosse. Vêtu d’une aube blanche sur laquelle était posée une étole violette, le curé ressemblait à une moitié d’aubergine. Il lisait le livre de rituel des funérailles.
Tous l’écoutaient.
Sauf moi.
Je remontais le temps.
Je me souviens du soir de cette première journée de classe, je suis fière, je n’ai pas sali mes chaussures. Quand en fin de journée, je regagne la maison, mes chaussures sont aussi propres que le matin. Je les troque contre des pantoufles.
Le curé a élevé la voix.
Mes yeux se sont posés sur le cercueil.
Mon père était à l’intérieur. Il n’en sortirait pas. Plus jamais, il ne me ferait du mal. J’aurais pu en rester là mais le souvenir de ce premier soir de rentrée scolaire refusait d’être enterré avec lui et je suis repartie dans le passé.
Mon père m’observe par la porte de la cuisine restée ouverte en grommelant :
— Quelle note, aujourd’hui ?
Je fais la sourde oreille, il me repose la question avec impatience et agacement :
— Alors, quelle note ? Tu deviens sourde ou quoi !
Je devais absolument dire quelque chose qui lui convienne, je me rappelle avoir menti.
— Je n’ai pas eu de note mais j’ai levé le doigt, la maîtresse m’a interrogée et j’ai répondu juste.
Il n’a pas cherché à en savoir davantage. Je le revois bouger la tête de haut en bas et de bas en haut. Il paraît content.
Le sujet est clos.
Mon père ne s’éternisait jamais sur le programme scolaire. Et pour cause ! C’est à peine s’il savait lire et quand il écrivait, il ne pouvait mettre bout à bout deux mots sans les émailler de mille et une fautes d’orthographe, il ignorait les accents, confondait le verbe être conjugué au présent de l’indicatif avec la conjonction de coordination. Il écrivait comme on prononce.
Un jour, mon frère et moi avions ri - à ne plus pouvoir nous arrêter - après avoir lu le papier que mon père avait punaisé sur la porte des WC du fond du jardin. Il avait écrit « vidé le sot ».
Personne n’osait s’aventurer à lui faire la moindre remarque. Et surtout pas sa femme ! Elle savait, qu’écorché dans son amour-propre, il se serait vengé en la rabaissant plus bas que terre devant le premier venu Il devait malgré tout s’apercevoir de ses lacunes car il clamait haut et fort qu’il était « plus maths que lettres ».
Il déléguait à ma mère les tâches administratives en lui faisant croire que cette responsabilité était une faveur qu’il lui accordait.
Mon père gardait jalousement la gestion des comptes. Il calculait mentalement à une vitesse prodigieuse, il faut dire qu’il jouait souvent à la belote et son cerveau était entraîné à compter les points. Tout comme Georges, Léon et Marco, il était l’un des piliers du café de la grande place.
Contrairement à lui, ma mère avait acquis une certaine culture, non pas qu’elle ait fait de grandes études mais elle avait toujours suivi les cours avec assiduité. Elle avait obtenu le Certificat d’Etudes Primaires avec des notes plus qu’honorables, ce qui lui avait valu de poursuivre son cursus scolaire dans une école ménagère catholique tenue par des religieuses. Elle y avait appris à coudre, tricoter, repasser, cuisiner et surtout à user de bonnes manières. À la fin du cycle, elle s’était présentée à l’étude de Maître Sironato avec une lettre de recommandation de la Mère Supérieure et elle avait été engagée sur le champ. Deux ans plus tard, elle rencontrait celui qui allait devenir son mari. Il réparait la toiture de la maison du curé. Il l’avait sifflée. Une jeune fille bien éduquée ne devait pas se retourner. Elle l’avait ignoré ; il l’avait attendue devant la porte cochère.
À l’époque elle était jolie, fraîche et pas encore abîmée ; lui, n’a jamais été beau ni féru de savoir-vivre pourtant elle l’a épousé. Trouver un mari en ce temps-là était encore une fin en soi. Il fallait assurer la descendance.
Il y a eu Christian.
Il y a eu moi.
****
Ce soir-là, ce premier jour de rentrée scolaire, je déballe le contenu de mon cartable sur la table de la cuisine, c’est là que nous faisions nos devoirs. Je couvre mon livre de lecture avec du papier bleu indigo et je m’applique à coller une étiquette blanche en haut à droite. Dessus, j’écris au stylo bille Marie-Jeanne Schmitt. Je souligne mon nom au crayon rouge avec la règle. Le trait que j’ai tracé est droit. Je suis fière.
Ma mère s’affaire à ses fourneaux.
Il commence à faire nuit dehors. Mon père entre dans la pièce, ferme les volets et allume le plafonnier. Le repas est prêt. Je range mes affaires. Christian s’installe à table à côté de moi devant la place inoccupée et réservée à ma mère. Mon père s’assied en face de moi.
Chacun sa chaise. L’assise paillée était garnie d’une fine galette en tissu vert. Traitement de faveur : mon père avait droit, en plus, à un coussin couleur safran. Ce siège prenait pour moi emblème de trône : mon père était le seigneur des lieux, je lui devais obéissance et satisfaire ses moindres désirs.
La pièce avait une odeur particulière due aux émanations des glandes sébacées du chien qui avait fait de cette pièce son territoire.
Mais ce soir-là, l’odeur a quelque chose d’inhabituel à cause des saucisses fumées - qu’on appelle chez nous « Belle de Morteau » - qui mijotent dans la casserole au milieu des lentilles, pommes de terre et carottes.
D’un coup, le curé m’a ramenée dans le moment présent.
Il venait de dire :
— Repose en paix.
Ainsi, il suffisait de mourir pour que la vie de chacun soit blanchie ?
Ma respiration s’est accélérée, mon cœur s’est emballé.
J’ai crié :
— Non !
Le curé a sourcillé.
Ma mère m’a regardée et a baissé la tête.
Mon frère a marmonné entre ses dents :
— Qu’est-ce qui te prend ?
Je les ai ignorés et j’ai enjambé la barrière du temps.
Chaque détail est revenu.
Les images se sont reconstituées l’une après l’autre, les mots se sont plaqués sur elles.
Le film s’est remis en marche.
Ma mère partage le plat. Chacun mange de bon appétit. Quand les assiettes sont vides, il reste une saucisse dans la casserole.
Mon père demande qui la veut.
Ma mère fait non de la tête.
Christian semble repu, il se tait.
Je lance timidement :
— Moi !
— T’as encore faim ? s’étonne mon père.
— Oui.
Il s’adresse à sa femme :
—
