La Dame au petit chien et autres nouvelles
Par Anton Tchekhov
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À propos de ce livre électronique
« Une des plus belles nouvelles jamais écrites », a écrit Vladimir Nabokov à propos de La Dame au petit chien. Elle est suivie dans ce recueil de La Maison à la mezzanine et Le Royaume des femmes.
Amours rêvées, impossibles ou perdues : trois nouvelles envoûtantes et nostalgiques.
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Aperçu du livre
La Dame au petit chien et autres nouvelles - Anton Tchekhov
Petite Bibliothèque slave
— Collection dirigée par Xavier Mottez —
Chez le même éditeur
1. GOGOL Les Âmes mortes. Traduction d’Henri Mongault
2. TOURGUENIEV Mémoires d’un chasseur. Traduction d’Henri Mongault
3. TOLSTOÏ Les Récits de Sébastopol. Traduction de Louis Jousserandot
4. DOSTOÏEVSKI Un joueur. Traduction d’Henri Mongault
5. TOLSTOÏ Anna Karénine. Traduction d’Henri Mongault
6. MEREJKOVSKI La Mort des dieux. Julien l’Apostat. Traduction d’Henri Mongault
7. BABEL Cavalerie rouge. Traduction de Maurice Parijanine
8. KOROLENKO Le Musicien aveugle. Traduction de Zinovy Lvovsky
9. KOUPRINE Le Duel. Traduction d’Henri Mongault
10. GOGOL Le Révizor — Le Mariage. Traduction de Marc Semenoff
11. DOSTOÏEVSKI Stépantchikovo et ses habitants. Traduction d’Henri Mongault
12. Les Bylines russes — La Geste du Prince Igor. Traductions de Louis Jousserandot et d’Henri Grégoire
13. PISSEMSKI Mille âmes. Traduction de Victor Derély
14. RECHETNIKOV Ceux de Podlipnaïa. Traduction de Charles Neyroud
15. TOURGUENIEV Poèmes en prose. Traduction de Charles Salomon
16. GONTCHAROV Oblomov. Traduction de Jean Leclère
17. GOGOL Veillées d’Ukraine. Traduction d’Eugénie Tchernosvitow
18. DOSTOÏEVSKI Mémoires écrits dans un souterrain. Traduction d’Henri Mongault
19. KOUPRINE Le Bracelet de grenats — Olessia. Traduction d’Henri Mongault
20. GOGOL Tarass Boulba. Traduction de Marc Semenoff
21. LESKOV Gens d’Église. Traduction d’Henri Mongault
22. POUCHKINE La Fille du capitaine. Traduction d’Eugène Séménoff
23. LOUGOVOÏ Pollice Verso. Traduction d’Ely Halpérine-Kaminsky
24. CHMELIOV Le Soleil des morts. Traduction de Denis Roche
25. CHMELIOV Garçon ! Traduction d’Henri Mongault
26. GOGOL Nouvelles de Pétersbourg. Traductions de Michel-Rostislav Hofmann et Tatiana Rouvenne
27. ILF ET PETROV Les Douze Chaises. Traduction d’Alain Préchac
28. POUCHKINE Récits de Belkine. Traduction de Pierre Skorov
29. LESKOV Lady Macbeth du district de Mzensk et autres nouvelles. Traductions de Jean Leclère et d’Irène Tateossov
30. TOURGUENIEV Pères et fils. Traduction de Marc Semenoff
31. ILF ET PETROV Le Veau d’or. Traduction d’Alain Préchac
32. PILNIAK Riazan-la-pomme. Traduction de Maurice Parijanine, révisée par Michel Niqueux
33. PILNIAK L’Année nue. Traduction de L. Desormonts et L. Bernstein, révisée par Dany Savelli
34. TOLSTOÏ Le Faux Coupon. Traduction de Pierre Skorov
35. DOSTOÏEVSKI Souvenirs de la maison des morts. Traduction d’Henri Mongault
36. POUCHKINE La Dame de pique — Le Nègre de Pierre le Grand. Traduction de Michel Niqueux
37. LESKOV Le Pèlerin enchanté — Aux confins du monde. Traductions d’Alice Orane et d’Hélène Iswolsky
38. ARSENIEV Dersou Ouzala. Traduction de Pierre P. Wolkonsky
39. BOUNINE Le Village. Traduction de Maurice Parijanine
40. BOUNINE Soukhodol et autres nouvelles. Traduction de Maurice Parijanine
41. ILF ET PETROV Kolokolamsk et autres nouvelles fantastiques. Traduction d’Alain Préchac
42. TOURGUENIEV Fumée. Traduction de Génia Pavloutzky
43. BOUNINE Le Monsieur de San Francisco et autres nouvelles. Traduction de Maurice Parijanine
44. BOULGAKOV Cœur de chien. Traduction d’Alexandre Karvovski (Petite Bibliothèque slave)
45. LESKOV Le Gaucher. Traduction de Paul Lequesne (Petite Bibliothèque slave)
46. TOURGUENIEV Moumou. Traduction d’Henri Mongault. Préface de Dominique Fernandez (Petite Bibliothèque slave)
47. BOUNINE Trois roubles. Traduction d’Anne Flipo Masurel. Préface d’Andreï Makine (Petite Bibliothèque slave)
48. LAZAREVIĆ Au puits. Scènes de la vie serbe. Traduction d’Alain Cappon (Petite Bibliothèque slave)
49. TOLSTOÏ Ma confession. Suivi de Ce qu’un chrétien peut faire et ce qu’il ne peut pas faire. Traduction de J.-Wladimir Bienstock (Petite Bibliothèque slave)
50. KOUPRINE Olessia. Traduction d’Henri Mongault (Petite Bibliothèque slave)
51. TCHEKHOV Le Moine noir. Traduction de Gabriel Arout (Petite Bibliothèque slave)
52. TCHEKHOV La Dame au petit chien. Traduction de Gabriel Arout (Petite Bibliothèque slave)
Anton Tchekhov
Чехов Антон Павлович
1860-1904
LA DAME AU PETIT CHIEN
suivi de
LA MAISON À LA MEZZANINE
et
LE ROYAUME DES FEMMES
Traduction de Gabriel Arout
© Gabriel Arout, 1946, 2022
© Ginkgo Éditeur, 2022
Couverture : Konstantin MAKOVSKI, Portrait de femme, 1878.
La Dame au petit chien : 1899 ; La Maison à la mezzanine : 1896 ; Le Royaume des femmes : 1894.
LA DAME AU PETIT CHIEN
Дама с собачкой
I
On parlait d’un nouveau personnage apparu sur la promenade du quai : une dame avec un petit chien. Dimitri Dimitriévitch Gourov, qui se trouvait depuis déjà deux semaines à Yalta et qui y avait pris des habitudes, s’était mis lui aussi à s’intéresser à la nouvelle venue. Assis sous la tonnelle Chez Vernet, il avait remarqué une jeune femme qui était passée sur la promenade ; elle était de petite taille, blonde et portait un béret ; elle était suivie d’un loulou blanc.
Plus tard, il la rencontra encore dans le jardin public et dans le square, et même plusieurs fois par jour. Elle se promenait, seule, coiffée toujours du même béret, et suivie de son loulou blanc ; personne ne la connaissait et on la désignait simplement par ce terme : la dame au petit chien.
« Si elle est ici sans mari et sans amis, se disait Gourov, il ne serait pas superflu de faire sa con naissance. »
Il n’avait pas encore quarante ans bien qu’il eût déjà une fille de douze ans et deux fils collégiens. On l’avait marié très tôt, lorsqu’il était encore étudiant de deuxième année et, à présent, sa femme paraissait une fois et demi plus âgée que lui. C’était une femme de grande taille, aux sourcils noirs, raide, imposante, grave, et ainsi qu’elle le disait elle-même, réfléchie. Elle lisait, beaucoup, s’était ralliée à la nouvelle orthographe, n’appelait pas son mari Dmitri mais bien Dimitri ; quant à lui, au fond de son cœur, il la considérait comme assez bornée, d’esprit étroit et inélégante ; il la craignait et n’aimait pas rester à la maison. Il avait commencé depuis déjà longtemps à la tromper ; il la trompait souvent, et c’est sans doute pour cela qu’il s’exprimait toujours d’une façon dure à l’égard des femmes et, lorsqu’en sa présence on parlait d’elles, il ne les appelait jamais autrement que :
— Race inférieure !
Il lui semblait que sa triste expérience pouvait l’autoriser à les nommer de la façon qu’il voudrait. Et pourtant, il n’aurait pu passer deux jours sans utiliser cette expression de « race inférieure ». Il s’ennuyait dans la société des hommes, s’y sentait mal à l’aise, était taciturne et froid, mais dès qu’il se trouvait parmi les femmes, il se sentait tout de suite très libre, savait comment leur parler et comment se conduire avec elles ; et même le silence avec les femmes lui était plus facile. Dans son physique, dans son caractère, dans toute sa nature il y avait quelque chose d’insaisissable et d’attirant qui provoquait la sympathie des femmes à son égard, les appelait ; il le savait et lui aussi était attiré vers elles par une force mystérieuse.
Une expérience souvent renouvelée, et l’on peut dire une expérience amère, lui avait appris que chaque rapprochement, qui, au début, donne une si agréable diversité à la vie et apparaît comme une aventure charmante et légère, se transforme chez les gens convenables, et plus particulièrement chez les Moscovites, assez lourds et indécis, en un problème compliqué à l’extrême et qui rend la situation en fin de compte très pénible. Mais cependant, à chaque nouvelle rencontre avec une femme attrayante, le souvenir de son expérience se glissait mystérieusement hors de sa mémoire ; il était pris d’un désir de vivre et tout lui semblait simple et amusant.
Et voilà qu’un jour, alors qu’il prenait son repas dans le jardin, la dame au béret s’était approchée sans hâte et avait pris place à la table voisine. Son expression, sa démarche, la façon dont elle s’habillait et se coiffait lui disaient nettement que c’était une personne d’un milieu très convenable, mariée, qu’elle était pour la première fois à Yalta, seule, et qu’elle s’y ennuyait... On dit beaucoup de mensonges sur l’impureté des mœurs de ce pays. Il méprisait ces racontars, sachant très bien qu’ils sont généralement les faits de gens qui auraient volontiers goûté du péché s’ils en étaient capables ; mais lorsque la dame s’assit à la table voisine, à trois pas de lui, le souvenir de ses victoires faciles lui revint à l’esprit ; il rêva de promenades en montagne et la pensée tentante d’une liaison rapide et passagère, d’un roman avec une inconnue dont on ne sait ni le prénom ni le nom s’empara de lui.
Il appela avec gentillesse le loulou et, lorsque ce dernier s’approcha, il le menaça du doigt. Le loulou grogna. Gourov le menaça à nouveau.
La dame lui jeta un regard, mais baissa aussitôt les yeux.
— Il ne mord pas, dit-elle en rougissant.
— Puis-je lui donner un os ?
Et, lorsqu’elle lui eut répondu par un signe affirmatif de la tête, il lui demanda d’un air accueillant :
— Vous êtes à Yalta depuis longtemps ?
— Depuis cinq jours.
— Et moi, je tire déjà ma deuxième semaine.
Puis, il y eut un bref silence.
— Le temps passe si vite, et pourtant, on s’ennuie tellement ici ! dit-elle sans le regarder.
— C’est une convention de dire qu’on s’ennuie ici. Un provincial vit paisiblement quelque part à Belev ou Jizdra et il ne s’y ennuie pas, mais il lui suffit de venir ici pour déclarer : « Ah ! que je m’ennuie ! Ah ! cette poussière ! » C’est à penser qu’il vient pour le moins de Grenade.
Ils rirent tous deux, puis ils se remirent à manger en silence comme s’ils ne se connaissaient pas ; mais, après le repas, ils firent quelques pas ensemble et leur conversation était la conversation légère et ironique de gens libres et satisfaits pour qui où aller et de quoi parler était indifférent. Ils se promenaient et parlaient de l’étrange éclairage de la mer ; l’eau était d’une couleur mauve, douce et tiède et un rai doré de lune s’étendait sur elle.
Ils parlaient de l’air étouffant à la suite d’une journée de chaleur. Gourov lui raconta qu’il venait de Moscou, qu’il était philologue de formation, mais qu’il occupait un poste important dans une banque ; qu’il avait songé jadis à devenir chanteur d’Opéra mais qu’il y avait renoncé, qu’il possédait deux maisons à Moscou... Elle lui
