L'Albinos du Cap
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Aperçu du livre
L'Albinos du Cap - Hilaire De L'Orne
Avertissement
Ce roman est une œuvre d’imagination, qui ne saurait être considérée comme une source d’informations infaillibles.
Tous les lieux cités dans cet ouvrage sont réels, certaines situations et événements le sont également bien qu’ils paraissent d’une authenticité forte et parfois cruelle. Les personnages choisis dans cette intrigue, demeurent néanmoins en grande partie fictifs. Toute ressemblance avec des personnes réelles, existantes ou ayant existé, ne serait naturellement que pure coïncidence.
Préambule
George Orwell disait de la vérité qu’elle était quelque chose existant en dehors de nous. Quelque chose qui était à découvrir et non quelque chose que l’on pouvait fabriquer selon les besoins du moment.
Le plus important de nos jours n’est plus qu’une chose soit vraie ou non, mais qu’elle en ait l’air au regard du plus grand nombre ou occasionnellement pour ceux que cela arrange ! Dans la magistrature on déclare souvent après un jugement que la vérité n’est pas univoque confirmant par-là que le droit, la justice et la vérité ne se retrouvent jamais ensemble assis autour d’une même table.
La défiance, l’insincérité, comme les mensonges établis dans cette intrigue nous feraient presque croire que cette histoire est réelle, presque vraie, mais surtout n’en dites rien à personne, vous risqueriez de passer pour des complotistes, des factieux à l’instar de votre serviteur.
Hilaire De l’Orne.
« Les amis de la vérité n’ont pas d’amis. »
Henry de Montherlant
Chapitre 1
Dès le premier jour Jérôme s’était attaché à cette personnalité forte et à son caractère inflammable. En une seconde Giselle humait la présence d’une rivale. Elle échantillonnait les femmes en leur attribuant avec perfidie des notes très inférieures à la sienne.
Giselle pour se rassurer ne cessait de répéter qu’une femme n’a pas besoin d’avoir beaucoup d’hommes à ses pieds, seulement un qui soit complet et à la hauteur. Sa jalousie pernicieuse l’entraînait à formuler des appréciations que son manque de pudeur l’empêchait de reconnaître.
Pierre le frère aîné de Jérôme à qui celui-ci ne demandait que rarement son approbation, ne partageait pas son appréciation sur les femmes en général, ni pour cette courtisane en particulier, réservant sa flamme pour le génie mécanique et la vitesse.
Dans leur appartement francilien des bords de seine, les deux frères collectionnaient depuis leur plus jeune âge tout ce qui se rapportait à l’histoire des trains. Touchés par la grâce de cette passion pour le ferroviaire, ils travaillaient ensemble dans une société aménageant des voies ferrées pour le transport de passagers à plus de 300 km/heure.
Aujourd’hui l’ambition du dirigeant de cette entreprise l’avait poussé à franchir les frontières de l’Europe et à entreprendre la conquête de l’Afrique du Sud.
Jérôme nourrissait l’espoir de conduire le train le plus rapide du monde tandis que Pierre, celui de construire une ligne à sustentation électro-magnétique. Cette technologie expérimentale permettait déjà aux Japonais de véhiculer des passagers à des vitesses pouvant atteindre les 6oo km/heure.
De l’aérotrain de Jean Bertin des années soixante à l’Hyperloop du futur, les deux frères passaient leur temps à se documenter et à étudier tout ce qui se faisait dans le monde à ce sujet.
Les incidents, comme les accidents aéronautiques ou ferroviaires, étaient minutieusement analysés par leurs soins en s’affranchissant des déclarations officielles des experts mandatés par les constructeurs ou à la solde d’un gouvernement.
Le pays tout entier se rappelait qu’il fût nécessaire aux familles des victimes de la catastrophe aérienne du mont Saint Odile de se battre pendant dix-huit ans pour qu’enfin la responsabilité du constructeur et de l’état soit reconnue. Sur les rails et plus proche de nous, le train Paris-Limoges déraillant à Brétigny-Sur-Orge et dont il ne fallut pas dix-huit ans, mais moins de dix-huit minutes au PDG de la SNCF pour déclarer que les causes du drame étaient imputables à un malheureux concours de circonstances.
Tous ces faits ayant avec juste raison alimenté les théories du complot étaient pris en considération par l’employeur de Jérôme et de Pierre, Jean-Louis Girel, au titre « du retour d’expérience ».
Les données scientifiques ne prenant en compte que des éléments factuels validés n’avaient jamais eu la faveur des faiseurs d’opinion.
La presse, abreuvée de subventions et sous perfusions publicitaires en charge de manipuler les différentes commissions, avait poursuivi sa profession de foi en nourrissant « la démocratie des crédules ».
C’était pour éviter de réitérer ce genre de catastrophe que l’entreprise avait confié ce travail d’investigation à Pierre dont l’intégrité ne pouvait être mise en cause.
– Alors frangin, qu’est-ce que tu vas conclure ?
– Que ce n’est ni le matériel, ni la technologie qui sont responsables du déboulonnage de cette éclisse, mais bien un acte de malveillance. Nous n’avons pas à nous en faire dans le futur, cette manière d’assembler des rails n’aura plus cours. Tu pourras battre tous les records de vitesse que tu voudras en faisant confiance à la technologie.
– Et pour les victimes de Brétigny-Sur-Orge ?
– La communication des archives ne s’effectue qu’au compte-goutte, pour ce qui est des enquêtes de police judiciaire le délai est de cent ans lorsque des mineurs sont impliqués et c’est précisément le cas. Donc rendez-vous le 12 juillet 2113 pour avoir accès à la face cachée de cet attentat.
– D’ici là, y a longtemps que tout sera oublié et que les principaux acteurs auront disparu.
– Bon et dans un tout autre domaine, qu’est-ce que tu comptes faire de Giselle ?
– Comment ça ?
– T’es au courant que nous avons postulé pour diriger un chantier en Afrique du Sud et que Jean-Louis a l’intention de nous y expédier ce mois-ci.
– Oui, mais je vois pas ce que Giselle viens faire là-dedans.
– Tu vas la larguer comme ça, sans la prévenir que tu t’absentes au moins pour deux ou trois ans ? C’est pas très élégant.
– On est pas mariés.
– Non et si tu veux mon avis c’est même une belle emmerdeuse, mais c’est pas une raison pour rompre par SMS.
La société de Pierre avait remporté l’appel d’offres d’installation d’un train à grande vitesse en Afrique du Sud entre Le Cap et la capitale administrative Pretoria. L’entreprise des deux frères, leader dans ce genre de réalisations, envisageait de confier la direction du chantier de cette ligne à Pierre pour la gestion financière et l’exécution technique.
Il serait au cours de la mise en œuvre du projet, secondé par Jérôme dont les qualités relationnelles, d’éloquence, son charisme et sa pratique de la langue Anglaise n’avaient pas de secret.
Les préparatifs de départ demandaient d’innombrables démarches auprès des administrations et des ambassades que Jérôme avait abandonnées à Pierre. Il avait néanmoins accepté dans l’urgence de négocier la location et la gestion de leur logement couvrant la période pendant laquelle ils résideraient à l’étranger.
Ce départ était opportun dans la mesure où Jérôme cherchait depuis quelques temps un prétexte pour rompre avec Giselle. Cet événement présenté comme un cas de force majeure lui ôtait disait-il une sacrée épine du pied.
Elle devrait comprendre qu’il agissait à contre-cœur. Le procédé pouvait paraître assez lâche mais il avait l’avantage de couper court à toute tentative de récupération. Il tenta tout le jour de se répéter mentalement quelques vérités, quelques phases ne permettant aucune remise en cause de sa décision. Il voulait éviter de se lancer dans le genre de conversation absurde, souvent vécue au cours de précédentes ruptures, n’aboutissant qu’à des triomphes pathétiques au cours desquels « anges et démons » se déchiraient. Il aimait pardessus tout se remémorer ces instants furtifs lorsque le cœur saisissait la main de la raison pour l’entraîner vers de nouvelles bêtises.
Jérôme se releva vers deux heures du matin pour aller boire un verre d’eau, il n’arrivait pas à dormir cherchant parmi les formules sans appel, la plus appropriée.
Le carrelage de la cuisine était gelé, assurément Giselle était une emmerdeuse et si elle continuait à l’empêcher de dormir, il allait devenir grossier. Il récupéra son I Phone en charge pour expédier le SMS suivant : « Je pars, oublie moi », puis il appuya sur envoi.
Au réveil, à la vue du message de Jérôme, Giselle resta interdite. Le cœur au bord des lèvres, les pleurs émergèrent spontanément. Rien chez ce mec n’était naturel ni sincère. Un fourbe ! Elle se demanda comment elle avait fait pour rester aussi longtemps avec lui.
Dans le métro, sur la ligne 13 en état de saturation, les spectres de la masse laborieuse se réveillaient. Elle observait les visages hébétés, la bouche ouverte, le front collé contre la vitre. Les uns soupiraient bruyamment, d’autres étaient plongés dans la lecture de télé 7 Jours pour découvrir ce qui allait leur éviter de sombrer dans l’uniforme laideur de leurs veillées domestiques.
Confrontée à ce spectacle, elle se surprit à penser qu’au fond Jérôme avait peut-être raison d’avoir envie de foutre le camp et de laisser cette déliquescence derrière lui pour trouver ailleurs un monde aux perspectives plus ensoleillées.
Elle réalisa qu’il ne se passerait probablement rien dans son existence en dehors d’une éventuelle nouvelle grève de la RATP, alors comme son voisin d’infortune elle chercha sur son portable une nouvelle appli pour tromper son stress et tenta de casser le maximum de briques d’un jeu débile.
L’effervescence avait gagné les salariés de l’entreprise Jean-Louis Girel, impatients de partir vers de nouveaux horizons. Parmi eux, beaucoup n’ayant encore jamais franchi une frontière imaginaient dans l’hémisphère sud un monde de pionniers dans lequel ils pourraient prodiguer leurs multiples talents et éventuellement en remontrer aux autochtones.
Pierre, au contact de ses collègues, fut surpris de découvrir que certains même très jeunes pouvaient avoir des réminiscences de mœurs coloniales. Loin d’être héréditaires, ces attitudes délétères pouvaient tourner la tête des plus vertueux. Le pouvoir, la richesse, les honneurs, confiés à des esprits préfabriqués, pouvaient devenir à l’étranger une source de difficultés inattendues.
Il espérait n’avoir à se consacrer qu’à la réalisation de l’ouvrage sans avoir à intervenir pour maintenir la cohésion des membres de son personnel. Ce projet assez prestigieux n’avait pas besoin d’être émaillé de turpitudes déshonorantes au pays des prix nobel.
Construire une voie ferrée à travers une brousse hostile, élever des infrastructures de génie civil au-dessus des rivières, creuser des tunnels, franchir des précipices, participer à l’aménagement du territoire d’une nation était une aventure exceptionnelle que même Jules Verne n’aurait pas sous-estimée.
Dans l’équipe constituée en grande majorité de célibataires, pas un, de l’ouvrier au technicien supérieur, ne doutait de son succès auprès des femmes indigènes. Quelques-uns paraissant contraints de rester en France jalousaient secrètement leurs camarades sur le départ, en leur promettant des désillusions à la taille de leurs espérances.
Pour sa part, Pierre devait s’imprégner, décortiquer, analyser toutes les pièces d’un contrat pesant plusieurs centaines de millions et dont l’entreprise comme le gouvernement Français, attendaient qu’il soit une réussite. Il y avait beaucoup à apprendre au contact des réalités de ce pays constitué d’une mosaïque d’ethnies formant ce qu’il était juste de nommer une nation « arc-en-ciel » ayant vaincu l’apartheid.
La ligne à grande vitesse objet du contrat, devant être livrée clef en main, consistait à doubler une voie ferrée déjà existante, ne nécessitant pas ou peu de défrichage d’une nature encore vierge.
Malheureusement, les relevés topographiques ainsi que les courbes de niveaux sur les cartes dont Pierre disposait ne lui paraissaient pas satisfaisants. Le rythme de réalisation d’un kilomètre par jour risquait fort de ne pas être tenu, non pas par un manque d’efficacité de l’équipe de chantier, mais à cause de données préalables fausses ou incomplètes de la responsabilité du client.
À partir de cette découverte, Pierre eut le désagréable sentiment que son interlocuteur Africain n’avait pas intégré la différence entre une ligne d’un usage omnibus ou touristique et celle devant supporter le passage de trains à très grande vitesse.
Afin d’éviter les « Claims », les non conformités et l’empoisonnement des relations entre le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage, Pierre en référa à sa direction.
Celle-ci décida d’une réunion dont les arguments jusque-là distillés à fleurets mouchetés cachaient des enjeux financiers considérables. Si le terrain mis à disposition de l’entreprise par le client ne correspondait pas aux exigences techniques nécessaires pour la pose des rails de type LRS{1}, le ralentissement de la réalisation ne pourrait pas être imputé à l’équipe de Pierre. Travailler avec un homme tel que lui avait quelque chose de rassurant, mais cette qualité pouvait apparaître fâcheuse tant il était scrupuleux et intransigeant.
L’équipe Africaine constituée des représentants du ministère des transports, de leurs avocats, mais également d’ingénieurs, ne pouvait ignorer selon Pierre cette anomalie technique. S’agissait-il d’une simple erreur dans le texte du contrat, d’un oubli, ou bien le client espérait-il faire supporter à l’entreprise le coût astronomique de la mise aux normes du soubassement et du génie civil sur lequel devaient reposer les rails ?
Il ne viendrait à l’idée de personne de réaliser une autoroute sur une prairie ou un chemin de terre sans avoir exécuté au préalable la mise en conformité du terrain et la colossale tâche de terrassement.
Dans l’équipe de Pierre, ce premier accroc dans la définition des obligations respectives des deux parties avait écorné la sincérité des propos du client. La confiance devait être un principe de réciprocité sans restriction essentielle dans le monde des affaires, excluant toute naïveté. Il fut donc décidé de se rencontrer au plus haut niveau de responsabilité pour régler ce différend.
Pierre, trop occupé en France avec les aspects techniques, la préparation du matériel mais également la planification de l’installation d’une base vie, dut renoncer à se rendre en Afrique du Sud pour négocier cette première dissonance. Il préféra laisser sa place à Jérôme dont les aptitudes à la ruse en faisaient un diplomate aguerri.
Les frères Grumet, Pierre et Jérôme ne détestaient pas se partager les rôles de Docteur Jekyll et de Mister Hyde. Les Sud-Africains qui avaient du mal avec la prononciation des noms à consonnance Française s’étaient très vite familiarisés avec celui « des Grumet’s » les assimilant déjà à celui de Troublemakers ou de casse-pieds.
Pierre prépara pour son frère un dossier comportant une copie du contrat annoté, des extraits des normes requises pour la stabilisation du terrain, des exemples concernant la configuration des reliefs, ainsi que la nature des contrôles auxquels devrait répondre le maître d’ouvrage.
Afin d’être certain que les employés en charge de superviser les travaux n’aient pas à subir d’abaissement de leurs conditions de travail, Pierre exigea que la base vie et son fonctionnement soient mentionnés en annexe au contrat.
La dernière recommandation de Pierre faite à son frère fut de lui demander d’enregistrer le contenu de chaque réunion avec le client. La traduction de la langue anglaise pouvait se prêter à de nombreux contresens dont il était nécessaire de se préserver afin d’éviter de futures controverses et empoignades pouvant se terminer par un procès.
Parmi les exemples les plus fréquents le mot « Merci » n’avait rien à voir avec une quelconque formule de politesse. Dans un tout autre domaine, si chacun connaissait la signification de « Débriefing », bon nombre de personnes ignoraient que Brief désignait aussi un caleçon.
Dans ce genre de réunion dont les partenaires évoquaient des réalisations pharaoniques, un simple contresens pouvait valoir des vexations et parfois des millions. Accompagné du directeur général de l’entreprise J.L. Girel et d’un ingénieur du génie civil, Henry Lalite, Jérôme avait reçu son ordre de mission pour s’envoler dès le lendemain.
Dans la salle d’embarquement, il avait entamé la lecture d’un roman d’attente, ne forçant pas le lecteur à se sentir obligé de se rendre à la dernière page. Le bouquin relatait des histoires éloignées des soubresauts du monde, enrichies de passions non consommées, mais sauvées par un suspens arithmétique des naufrages du temps.
À ses côtés, le directeur général de l’entreprise et l’ingénieur du génie civil paraissaient vouloir se reposer sur ses compétences de négociateur et ses réparties à toute épreuve. Ce voyage était le premier que Jérôme entreprenait pour son travail. Il avait jusqu’à présent franchi l’Océan Indien et foulé le sable des plages de Phuket pour pimenter son expérience de l’étranger qui se limitait ordinairement à quelques incursions à Londres et à Barcelone pour faire la fête.
Cette fois-ci, le travail lui imposait des objectifs de récupération d’informations intéressant des faits précis dont il aurait à faire la synthèse et non un regard idyllique sur des créatures aux sourires engageants.
Après avoir survolé l’édredon gris du ciel Parisien et le couloir Rhodanien, il renoua avec le plaisir de quitter la sensation de bipède pour découvrir un paysage bonifié par la hauteur dans l’impassibilité d’un ciel nuageux. Il se prit à marmonner quelques paroles en scrutant d’infimes détails des premières côtes Africaines, espérant une éclaircie, un petit coin de ciel dégagé dans la brume méditerranéenne afin de pouvoir admirer les sommets de l’Atlas.
L’aurore au-dessus du désert donnait naissance à des reflets orangés sur les dunes aux formes mystérieuses. La sensualité et la douceur de ces courbes, semblaient lui souhaiter la bienvenue en Afrique.
Puis il se glissa hors de son siège pour déambuler jusqu’à la porte latérale et entre deux sourires complices avec l’hôtesse, il obtint l’autorisation de soulever le volet du large hublot pour pouvoir admirer tout à son aise le spectacle moins géométrique des côtes Marocaines.
Par moments la surprise se faisait autre avec la vision du plan rectiligne d’une ville blanche entourée d’oasis et de palmeraies.
Dans plusieurs épaisseurs d’ouate, le scintillement de l’Atlantique laissait deviner des villages de pêcheurs dissimulés au fond d’estuaires Mauritaniens et Sénégalais identifiables à leurs lacs roses.
Au moment de passer l’équateur et d’entrer dans l’hémisphère sud, le commandant de bord fit une annonce en invitant les passagers à regagner leurs sièges alors que du champagne était offert aux occupants de la business class. Devant ces paysages tourmentés, Jérôme réalisa que jusqu’à présent c’était sa vie qui était conçue comme un voyage.
Il lui arrivait au contact de la gente féminine d’être balloté entre des sentiments sublimes, insignifiants, de domination et d’incompréhensions, dans lesquels il aimait se perdre et mesurer sa puissance au moment de se retrouver tel qu’il était au naturel.
Ce déplacement ne s’apparentant ni à une aventure, ni à un exploit et bien que sa mission comporte assez d’inconnues pour emprisonner son imagination, celui-ci promettait de lui offrir plus d’excitation qu’il n’en avait jamais rencontré. De retour à sa place, Jérôme reprit la lecture de son livre, mais n’arrivant pas à fixer son attention sur l’intrigue, il préféra se plonger dans le manuel que Pierre lui avait offert à l’usage de ceux qui visitent l’Afrique du Sud pour la première fois.
Malgré les politiques de réconciliation et la mise en place d’une discrimination positive, l’Afrique du Sud restait l’un des pays les plus inégalitaires du monde avec un taux élevé de criminalité.
La plupart des leviers économiques étaient détenus par des blancs, tandis que les noirs conservaient majoritairement les pouvoirs politiques. Même si certains noirs faisaient partie de l’élite économique, la majeure partie d’entre eux encore très pauvres vivaient difficilement dans ce que l’on nommait des « Townships ».
Comme beaucoup de Français, Jérôme s’imaginait naïvement que tous ces problèmes de racisme, d’apartheid, de rapports de pouvoir entre couleurs différentes ou d’ethnies étaient devenus obsolètes pour les Sud-Africains. Cette composante venant s’ajouter aux problèmes des négociations contractuelles n’était pas faite pour simplifier les choses. Il serait plus qu’ailleurs nécessaire de ne pas froisser les susceptibilités au cours des discussions et veiller à ne pas doucher les esprits les plus consensuels.
Ces réunions avec le client lui parurent inconfortables avant même d’avoir posé le pied sur le sol Africain. Il s’agissait pour son entreprise de faire honneur à sa réputation et pour lui, d’affirmer son prestige de commercial capable de vendre du sable aux bédouins.
Comme un animal blessé au centre de Cape Town, la colline de Kylemore échouée au milieu de la fourmilière urbaine surprenait les visiteurs arrivant par les airs. Les rues et les quartiers d’habitations s’enroulaient au pied de cette masse géologique informe qu’une rare végétation tentait de conquérir.
La ville vue du ciel, adossée à la Montagne De La Table, se développait entre l’océan et les derniers contreforts de ce continent. Les installations portuaires à l’écart jouxtaient une côte déchiquetée à la réputation maritime funeste. Plus au nord, la couronne d’un stade olympique se détachait sur un fond de verdure. L’imposant ballet des avions donnait une idée de l’importance que pouvait avoir ce pays avec le monde extérieur.
Dans le hall d’accueil, le chef de projet rattaché au ministre des transports ainsi qu’un chauffeur attendaient le trio Français. Au cours de cette rencontre, l’ordre de préséance avait son importance. Les Sud-Africains tenaient à faire savoir dès le premier contact qui était au service de l’autre, qui détenait le pouvoir et l’argent.
L’entreprise de Jérôme mondialement reconnue pour ses réalisations prestigieuses devait néanmoins prendre conscience que sur ce territoire elle n’était qu’un fournisseur parmi d’autres.
Les présentations courtoises et réservées entre le client et l’exécutant auguraient de la pesanteur des futures négociations.
Le trajet entre l’aéroport et le « Lagoon Beach Hôtel » près du bassin d’Alfred Waterfront, ne prit que quelques dizaines de minutes mais elles furent suffisantes pour rappeler à Jérôme que le sens de circulation ici s’effectuait à gauche. Les lumières de la ville sur Western Boulevard et Green Point, faisaient déjà leur apparition avant même que le soleil ne se soit absenté.
Dans l’arrondissement de Milnerton, le Lagoon Beach Hôtel offrait une vue unique sur la Montagne et Robben Island, proposant un accès direct à la plage sur l’atlantique. Un bar sur le toit-terrasse en bordure de piscine bénéficiait d’une décoration élégante. Les chambres agréables disposaient d’un coin salon spacieux, d’un balcon privatif avec une vue sur l’océan et le jardin botanique.
Le chef de projet Sud-Africain signa à la réception la prise en charge de ses invités Français, spécifiant l’exception pour les notes de bar. Avant de s’absenter il leur donna rendez-vous dans la salle de conférence à l’entresol pour le lendemain à dix heures.
Jérôme après avoir défait son bagage, appela Pierre pour lui faire part de ses impressions de voyage et également de sa première appréciation au contact du client. Puis il fit un brin de toilette et se changea, s’étant très vite rendu compte que dans l’hémisphère sud les saisons étaient inversées. Il se rendit au bar de le piscine, très étonné de voir qu’il se trouvait des clients pour s’ébattre dans une eau dont la fraîcheur rivalisait avec celle de la côte d’opale.
Dès qu’il parut au comptoir, les tables alentours se couvrirent de chuchotements. Sa physionomie rappelant Harrison Ford, sa haute stature aux épaules solides, son charisme naturel, faisaient toujours autant d’effet. Des jeunes femmes bien qu’accompagnées risquaient des œillades en cachette de leurs amis.
Jérôme rassuré souriait à ce plaisir de plaire nécessaire à son tempérament de célibataire endurci. L’époque
