Feu mon Frère: Roman
Par Hugues Drappier
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À propos de ce livre électronique
A PROPOS DE L'AUTEUR
Hugues Drappier a déjà publié Les Voyageurs aux éditions de l’Harmattan et L'Entreprise aux éditions Le Lys Bleu.
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Aperçu du livre
Feu mon Frère - Hugues Drappier
Orange
Prenez garde à vous-mêmes. Si ton frère a péché, reprends-le ; et, s’il se repent, pardonne-lui.
Luc, 17-3
I
Je plie sous le coup.
La douleur m’a frappé à l’estomac. Insidieusement, elle remonte mon abdomen, s’empare de mes poumons, les broie. Ma respiration se fait difficile. J’essaie, tout en sachant que c’est inutile, d’adopter un souffle régulier, de vider ma tête.
Je m’appuie contre un mur. J’aimerais le pénétrer pour me rendre invisible des passants qui par humanisme ou curiosité m’entourent. Je les chasse, les persuadant de ne pas s’inquiéter : j’ai fréquemment ce genre de malaise et habite à deux pas. Pourtant, la distance me séparant de mon domicile me semble démesurée. Les clés glissent dans mes doigts trempés de sueur. Maints efforts me sont nécessaires pour entrer dans mon studio. Je verrouille la porte, vomis dans les w.c. un cheeseburger récemment avalé, m’allonge sur le lit. Je saisis l’oreiller pour le presser fortement contre mon ventre, comme si je pouvais ainsi exorciser le mal. Rapidement, je renonce, laisse les tristes souvenirs resurgir. Les murs de ma chambre pâlissent jusqu’à atteindre une teinte blanc cassé. Le carré de la pièce s’étire pour former un long couloir où résonnent mes pas, ceux de maman, et ceux de Claude, mon beau-père.
Je suis ce qu’on appelle un frêle adolescent. Mais ce jour me fera passer brutalement de l’insouciance enfantine à la gravité adulte. Je vais devenir responsable. Je devrai affronter de plein front les problèmes qui se présenteront. Tout, dorénavant, me pèsera.
Ce corridor aux néons qui ternissent les visages paraît infini. L’homme qui nous attend à son extrémité se rapproche comme au ralenti. Il porte un costume marron dont je me souviendrai toujours. Un bouton manque à la manche gauche. Ses yeux, du même marron que son costume, sont d’une extrême douceur. Lorsque nous nous saluons, je sens, malgré mon abattement, que sa poigne est molle. Il s’adresse à Claude :
— Monsieur, voulez-vous me suivre pour l’identification du corps ?
Un téléphone sonne dans un bureau mitoyen. Je tremble. La sonnerie est la même que celle qui a vibré dans l’appartement, une heure plus tôt, quand la police nous a signalé que ton corps avait été retrouvé, qu’il fallait venir.
J’ai insisté pour accompagner maman et Claude. Ils n’avaient pas envie d’entrer en conflit avec moi, ils m’ont laissé les suivre.
Dans la voiture, j’ai prié. Je me suis dit que ce n’était pas possible, qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre. J’ai pensé à ce que serait ma vie sans toi et un grand vide m’a envahi. J’ai serré la poignée de la porte. Celle-ci s’est divisée en cinq quand j’ai fermé les yeux, et tes doigts ont entrelacé les miens. Je me suis senti un peu mieux. Puis, la voiture s’est arrêtée. Le charme s’est rompu.
Maman crie. Elle veut venir avec Claude, elle veut te voir. Sa voix claque. Elle n’est plus humaine. Son visage se modifie chaque fraction de seconde. J’y vois la petite fille qu’elle a été, puis la vieille femme qu’elle sera.
Je ne sais pas qui me présente un banc et me dit d’attendre là. Je refuse.
— Non. Je viens aussi. Brice est mon frère.
Claude me sourit.
— D’accord, Stan.
Il prend ma main. J’aime beaucoup cet homme. Il est gentil. Tu ne l’appréciais pas car il est le deuxième mari de maman et tu as refusé qu’il te serve de père. Moi, je l’ai accepté parce que je n’ai pas vraiment connu papa.
L’immensité de la pièce dans laquelle nous pénétrons me surprend. Peut-être mon impression est-elle due à l’absence de mobilier et à la position parfaitement centrale du lit à roulette recouvert d’un drap blanc. Blanc comme les murs. Blanc comme la blouse de l’homme qui soulève le drap après un signe du costume marron.
Maman détourne un visage éteint qu’elle plonge dans l’épaule de Claude. Il l’enlace fortement. Elle suffoque :
— Oh, Claude, ce n’est pas possible… Ce n’est pas possible ! Brice est mort ! Mon fils est mort ! Il est mort, mort !
C’est bien toi qui es sur le lit. Tu es mort. Ton visage est blanc et tes lèvres sont bleues, ce qui prouve bien que tu es mort. Tes cheveux sont sales, poussiéreux. Ta barbe a un peu repoussé. Ta figure n’a aucune expression. C’est celle d’un mort.
Je m’approche. Je passe ma main sur tes joues. Ta peau est froide. Je pose mes lèvres sur ta bouche. Tu ne m’embrasses pas comme d’habitude. Tu n’ouvres pas les yeux, tu ne me souris pas, tu ne me dis pas « C’est toi, mon Stan ». Non. Tu es mort.
Maman hurle. Claude et l’homme à la blouse l’entraînent hors de la pièce. On parle de lui faire une piqûre. Nous restons seuls, l’homme au costume marron, toi, et moi.
Je me dis que je dois pleurer. Je me répète que c’est fini, que je ne te verrai plus jamais, que nous ne discuterons plus, que nous ne nous serrerons plus l’un contre l’autre en disant que le reste du monde n’a pas d’importance, que nous nous aimons, et que c’est bon d’être frères. Tu es mort.
Mais les larmes refusent de couler. Je lève les yeux. L’homme au costume marron me regarde. Sa tête est ronde. Ses cheveux sont coupés très court. Son iris est marron comme son costume auquel il manque un bouton à la manche gauche. Il a l’air de me comprendre. Il m’est sympathique. Je lui explique :
— C’est mon grand frère. Et il est mort.
Il plisse les lèvres pour former un sourire qui n’en est pas un. Il hésite avant de passer sa main dans mes cheveux.
— Mon pauvre bonhomme…
II
Où étais-je, il y a une heure ? Qu’est-ce que je faisais, il y a une minute ? À qui ai-je dit cette phrase ? J’ai des trous. Après réflexion, je parviens à les combler, mais il est agaçant de perdre la maîtrise de soi.
Pourtant, s’il m’arrive de ne plus me souvenir de ce que j’ai fait la veille, notre histoire reste claire dans mon esprit. Quoique la mémoire soit si sélective…
Le lion rugit. La peur me fait hurler. Je me jette à ton cou. Tu me serres en riant. Papa s’amuse de ma frayeur avec toi. Julie, l’amie de papa, me passe la main dans les cheveux pour me rassurer. Je n’ai que trois ans, tu es vraiment idiot de te moquer ainsi de moi. C’est, de plus, la première fois que je vais au zoo de Vincennes, que je découvre toutes ces espèces animales. Mais bon, tu es si content de passer le week-end avec papa que tu t’esclaffes pour un rien.
Nos parents viennent de divorcer. Tu détestes Claude, le nouveau mari de maman dont elle attend déjà un enfant. Moi, je m’accommode de cette situation. Tu comprends, je ne connais pas vraiment papa, je n’ai pas, comme toi, vécu dix ans avec nos véritables parents. Claude est gentil, attentionné. Tu le considères comme un imposteur uniquement parce que papa est ton dieu. Tu ne vis que pour le temps que tu passes avec lui.
Je regrette, je n’ai pas à adopter ton point de vue. Trois ans après la naissance de Lydie, maman et Claude nous donnent un autre demi-frère, Romain. Nous formons une gentille famille de quatre enfants. Il n’y a que toi pour la critiquer âprement. Pourquoi tentes-tu toujours de me convaincre que ce foyer n’est pas le nôtre, que nous sommes à papa et Julie ?
C’est vrai que nous nous amusons beaucoup lors de nos vacances sur la Côte d’Azur. Nous passons nos journées sur la plage. Tu t’efforces d’être maladroit dans la construction de châteaux de sable, le ramassage des coquillages, pour que je puisse parfois te battre. Nous nous gavons de ces beignets que vendent les adolescents pour se faire de l’argent de poche. Et puis qu’est-ce que c’est beau, la mer avec toi ! Je ne pourrai jamais plus m’empêcher de pleurer quand je la verrai.
J’ai sept ans lorsque papa et Julie se tuent en voiture. Ouvre-moi, s’il te plaît. Ne reste pas enfermé comme ça dans ta chambre. Je voudrais tant être avec toi pour te consoler. Cela fait déjà trois jours que tu ne sors plus que pour aller aux toilettes. Je n’arrive pas à t’intercepter. Je colle mon oreille contre la porte. Je t’écoute gémir.
Maman appelle le médecin. Tu es alité pendant deux semaines. On te fait des piqûres tous les jours. La nuit, tes cris me réveillent. « Papa, papa, papa ! » hurles-tu.
Tu reprochais à notre père sa consommation de cigarettes. À présent, je m’habitue à te
