Les révélations de Saint-Jacques de Compostelle

Il nous arrive tous de nous retrouver à un endroit précis et à un moment précis, dans un état de réceptivité si intense que nous pouvons percevoir la véritable nature de ce qui se révèle à nous et qui nous indique une voie, un chemin, un destin. Un instant durant lequel des visions et des révélations se présentent de façon claire, limpide, et qui peuvent changer nos vies si nous avons le courage de nous laisser guider par elles.

Ces instants peuvent arriver n’importe où et à tout moment. J’ai vécu cet événement rare et précieux lors de mon cheminement vers Santiago de Compostella. C’était sur l’Alto de Mostelares. Endroit magique, hors du temps et de tout lieu. Un endroit où tout peut devenir possible. Comme une ardoise sur laquelle nous pouvons tout effacer et réécrire nos projets de vie.

Alto de Mostelares, je m’en souviens comme si c’était hier. Je revis encore aujourd’hui la même émotion que celle vécue ce jour-là.

C’est sur ce haut plateau situé entre les villages de Castrojeriz et Itero del Castillo que j’ai reçu la première révélation du Chemin.

Confronté à une réalité forte et puissante, j’avais, durant les onze jours précédents, vidé mon esprit de toutes réflexions et de tous questionnements quant à ma motivation à marcher vers Compostelle.

Au départ, mon but premier était de jouer au touriste et de conquérir le Chemin. La culture nord-américaine m’a enseigné que « vouloir, c’est pouvoir ». Au cours de nombreuses années, j’avais lu des centaines de livres et assisté à de nombreuses conférences données par de grands motivateurs et gourous de la pensée magique. Il suffisait de vouloir avec une volonté de fer et de poser les gestes nécessaires afin d’obtenir tout ce que l’on désire. Je suis donc parti conquérir le Chemin, puisque c’était ce que je désirais.

Il en fut tout autrement. Rendu à Castrojeriz, tout mon être avait été vidé, nettoyé et préparé à accueillir ce que la vie allait y déposer. J’allais bientôt être conquis et me soumettre au Chemin.

En quittant Castrojeriz au matin du douzième jour de marche, je ne m’attendais pas à ce que la vie m’impose un face-à-face avec moi-même.

Après une longue ascension de 1,5 km sous un soleil de plomb, à plus de 35 degrés, avec dix kilos dans mon sac à dos, j’arrive sur le plateau en sueur et à bout de souffle.

Je m’arrête et je prends quelques minutes de repos. Je me retourne pour voir